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Critique de finitysend


Le vieux thème de l'androïde . le thème de l'homme artificiel .
Ce roman est bien écrit et c'est bien agréable . C'est une de mes premières lectures de SF et j'ai un gros zeste d'affection pour ce roman humaniste et nuancé .
Cependant je dirais quand même qu'il souffre un peu de la contradiction entre son ampleur au niveau thématique , si on met ce fait en rapport avec son relativement petit nombre de pages .
Le résultat est tout de même excellent car nous sommes face à un monde futuriste convainquant dans lequel évoluent des personnages crédibles , consistants et souvent poignants ou touchants au minimum.
Silverberg développe en profondeur le thème de l'androïde de façon subtile et détaillée .
Ils sont en fait de vraies personnalités complexes et ce quelles que soient leurs capacités et leurs limites ( il y a différentes classes d'androïdes) . Ce caractère nuancé du statut des différents androïdes humanise le récit , car l'auteur en profite pour explorer leur vie intérieure et l'idée qu'il se font d'eux-mêmes et du monde qui les entoure . Il pose le problème de leur légitime égalité avec leur créateur ( vous et moi ) . Malgré leur conscience d'être plus ou moins achevés et malgré leur nature plus ou moins à l'image de l'homme , ils possèdent des visions du monde.
Cet univers androïde est riche , ils possèdent une religion . Ils vivent sur leur mode spécifique et nuancé , leurs drames personnels , leurs rapports complexe avec l'humanité.
Silverberg est un auteur juif qui ne se cache pas de son identité juive . En France cela échappe considérablement aux critique de SF ( comment se fesses ? – sourire -) . Certaines de ses oeuvres sont donc à resituer dans leur contexte de civilisation hébraïque , versant ashkenazi pour l'auteur.
- Dans ce roman il y a deux thèmes en rapport avec la civilisation juive:
- d'abord il y a des "esclaves" et un projet pharaonique . C'est la servitude en Egypte et vient le temps de la libération ....
- Ensuite il y a la thématique kabbalistique du Golem . L'homme qui imite son créateur en créant lui aussi un être conscient à sa ressemblance et cette création se retourne contre lui-même . La fin du roman fait penser à la thématique traditionnelle du Golem . La création de l'homme se retourne contre lui , non pas tant du fait de la colère , car contrairement aux apparences il s'agit moins d'exprimer une révolte , que de réfléchir aux sens des choses et d'exprimer l'idée qu'il est nécessaire de se conduire conformément à son statut dans l'univers . Si on crée un être conscient il faut lui accorder un statut équivalent à celui de l'humanité , sinon c'est le chaos qui s'installe . Un chaos qui découle du non-respect du statut des êtres . Ne pas respecter ce statut amène donc le chaos , car chaque être exprime par nécessité sa nature et l'univers est l'expression de ce fait . L'homme a le choix de le faire ou de ne pas le faire et c'est ce qui fonde le principe de sa responsabilité morale et son aptitude de créateur ....
- Au final un petit livre assez dense qui a beaucoup de charme et beaucoup de présence.
C'est certainement beaucoup plus qu'un bon petit bouquin pour passer le temps .
En effet dans La tour de verre l'homme façonne d'abords des "outils" qui lui ressemblent tellement que se pose rapidement pour le lecteur la question de leur statut et de leur nature .
La réponse à la question du roman est peut-être à trouver dans le "cycle de la culture" de I. M. Banks , Les intelligences artificielles y ayant le statut de citoyen .
- Plus généralement ces androïdes sont partiellement des métaphores qui nourrissent une réflexion argumentée sur la condition humaine car à la ressemblance de l'homme , ces êtres sont ses pareils et ses semblables , c'est un autre axe de lecture de ce petit roman riche et agréable et c'est ainsi qu'il se font les hérauts de cette condition humaine souvent difficile ...
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