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Critique de ecceom


Jean, un ex-prisonnier, vient d'être embauché comme valet dans la ferme de la Veuve Couderc, surnommée Tati. Elle y vit avec son beau-père, sourd et lubrique.
Tati est une maîtresse femme. Veuve, séparé de son fils parti expier une bêtise au Bat d'Af, elle couche de temps en temps avec son beau-père pour le récompenser et garder la main-mise sur la ferme.
Dans cet environnement, Jean semble pourtant trouver le repos et la quiétude auxquels il aspire.
Les travaux de la ferme, les faveurs sexuelles accordées mécaniquement à Tati, lui conviennent. Mais son passé finit par le rattraper, tandis que la belle-famille de Tati manigance pour récupérer la propriété et que Jean est inéluctablement attiré par Félicie, une voisine fille-mère à qui Tati voue une haine féroce.

Ça se déroule dans le Cher, entre Saint-Amand-Montrond et Montluçon, près du Canal du Berry où passent encore des péniches, dans une ferme sur laquelle pèsent les rancoeurs familiales et la misère humaine. Pas de doute, en termes de milieux et d'atmosphère, les éléments "traditionnels" chers à Simenon sont là.

Et c'est tout le génie de cet écrivain d'arriver encore une fois, avec des ingrédients déjà connus, à livrer une histoire forte et originale en dressant des portraits d'une force peu commune.

Mais le plus étonnant dans ce roman, survient tandis que la fin inéluctable s'approche et que la personnalité de Jean, hanté par son passé, apparait au grand jour. Jean est prisonnier de la fatalité qui le guette depuis son adolescence. Son détachement, son asocialité, son refus de choisir, de s'engager, ne peuvent que le conduire au drame qui conclura une existence absurde. Il est de nulle part, sans consistance. A sa manière, il est aussi, "L'Etranger " de Camus (écrit d'ailleurs à la même période -1940, pour une sortie en 1942).

Un récit majeur de plus à l'actif de Simenon.

P.S.
Quelques points d'interrogation.
On a parfois le sentiment que Simenon introduit des pistes : le beau-père est-il vraiment sourd, qui est le père de l'enfant de Félicie ? sans toutefois les suivre.
Autre sujet d'étonnement, Simenon insiste au début du roman, sur deux aspects a priori contradictoires. En effet, Jean marche sur une route bordée d'arbres, à midi alors que le soleil est au zénith : la route est "coupée obliquement tous les dix mètres, par l'ombre d'un tronc d'arbre..." alors que "une ombre ridiculement ramassée, la sienne, glissait devant lui". Je ne suis pas spécialiste en "ombrologie", mais ça me semble curieux.
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