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Critique de alvastarr


C'est par un biais original que Maud Simonnot nous entraîne dans les milieux littéraires anglo-saxons du Paris des années folles. Nous y plongeons en effet dans le sillage de Robert Mac Almon, écrivain, éditeur, ami de tous les intellectuels expatriés de cette époque, et dont pourtant nous ne connaissons aujourd'hui même plus le nom. C'est parce qu'il les côtoie régulièrement que nous rencontrons Joyce, alors aux prises avec son Ulysse, Hemingway écrivant ses premières nouvelles, et d'autres encore, poètes, peintres et romanciers, autant de géants à leurs débuts, dont on partage brièvement le quotidien et les angoisses. Mais attention : Robert Mac Almon n'est pas, sous la plume de Maud Simonnot, un simple prétexte à ressusciter les grandes figures de cette fameuse « génération perdue », et à décrire le bouillonnement pailleté d'une époque où l'alcool et la littérature sont presque indissociables. Quand Joyce et Hemingway s'effacent de la vie de Robert Mac Almon, nous ne les regrettons pas parce que le personnage de Mac Almon lui-même fascine. Fêtard, fonceur, buveur invétéré, c'est aussi un homme passionné de littérature, dévoué à ses amis, au point de dilapider pour eux sa fortune, au point de s'oublier lui-même. Captivés dès les premières lignes, nous l'observons avec tendresse et inquiétude, conscients de suivre la trajectoire d'un homme semblable à une comète, solaire et brûlant comme elle, mais fatalement appelé à s'écraser. Et nous pressentons le caractère inéluctable de cette fin tout au long de la lecture du roman, qui dès lors n'est plus la simple biographie d'un écrivain injustement oublié par l'Histoire et la littérature, mais bien une tragédie, celle de tout homme qui fait le choix de vivre le plus intensément possible l'instant présent, sans envisager que ces moments, fragments d'étoiles mis bout à bout, ne suffiront peut-être pas, si étincelants soient-ils, à donner du sens à une vie. Un très beau roman.
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