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Qui donc connait Robert McAlmon ?
Je lis l'interrogation chez vous. Alors qui connaît Ernest Hemingway ?
Vos yeux semblent bien plus ouverts et à l'écoute !
Alors, j'avoue ma faiblesse moi aussi : je ne connaissais pas ce Monsieur McAlmon avant d'ouvrir l'ouvrage de Maud Simonnot.

Cet homme n'était autre que le premier éditeur d'Hemingway. Mais il était aussi auteur. Poète. Adepte du Carpe Diem et des soirées entre amis. Soirées parisiennes très alcoolisées, cela va de soi, alors que de l'autre côté de l'Atlantique, la prohibition faisait rage.
Maud Simonnot a su me captiver par son écriture romanesque pour me livrer la vie littéraire de McAlmon, dit Mac. Un homme altruiste, effacé et aimé, souvent entouré, mais finalement toujours seul. Si heureux, ou malheureux de pouvoir se sauver, de disparaître, afin de toujours rester indomptable. Il aimait les livres, l'ivresse, l'instant présent et les autres.

Quel travail titanesque Maud Simonnot a t-elle fait pour s'approprier cette vie qu'elle semble tant connaitre. Quel formidable hommage écrit à cet homme presque oublié. Pari réussi car elle m'a entrainée dans le Paris littéraire anglo-saxon des années 20.
Ne cherchez pas dans ce livre dialogues ou intrigue, la vie de McAlmon se suffit à elle-même. Au gré des pages, on rencontre Sylvia Beach, la fondatrice de la librairie Shakespeare and Co, dans laquelle il m'arrive de poser ma besace pour la remplir.
Évidemment, Hemingway n'est pas en rade puisque Simonnot nous conte son amitié et ses frasques avec Mac. Aussi James Joyce et les lectures de son pavé, ulysses, publié par Mac. Ezra Pound, Nancy Cunard, Bill Williams, Kay Boyle … Autant d'individus que vous allez croisez dans ce livre avec délectation.

Finalement, je connaissais un peu McAlmon, via le personnage de Jack dans l'ouvrage « Et le soleil se lève aussi » d'Ernest Hemingway. Car Hemingway se serait largement inspiré de son éditeur pour créer ce personnage. Livre que j'ai détesté, de par son écriture, et le manque de profondeur dans la description des états d'âme des personnages, d'une génération perdue. Et éprise d'insouciance. Cette profondeur, je l'ai trouvée dans le livre de Simonnot. Avec en prime, un titre de livre à la teinture poétique. La nuit pour adresse. Je m'en irais m'y noyer pour une once de sa couleur.

J'ai lu le livre de Simonnot comme j'aurais pu écouter du Brahms, ou regarder un couple danser. Avec les mêmes ardeurs, les mêmes émotions, les mêmes sourires. Submergée par le Paris des années folles. Puisque Simonnot nous le rappelle, par la voix de Hemingway : « Si vous avez la chance d'avoir vécu jeune homme à Paris, où que vous alliez pour le reste de votre vie, cela ne vous quitte pas, car Paris est une fête. »
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La nuit pour adresse est un récit tout à fait original, puisqu'il s'agit d'une biographie romancée.
Le protagoniste est Robert McAlmon, un homme à la vie incroyable, très réputé de son vivant, qui n'a néanmoins pas accédé à la postérité, contrairement à certains auteurs qu'il a aidés à percer en les publiant, à commencer par Hemingway.

Le travail de documentation qui sous-tend le livre est herculéen, tant concernant le parcours de McAlmon que le contexte historique et l'époque qui sert de cadre au roman.
Difficile, partant, de faire la part entre le réel et le romancé, mais c'est sans doute aussi ce qui fait l'intérêt de l'oeuvre, où la ligne de démarcation n'est pas toujours claire : L Histoire s'étant révélée injuste envers McAlmon en le laissant sombrer dans l'oubli, l'auteur a toute la liberté du monde pour le réhabiliter. Entreprise qui lui tient à coeur, car la tendresse portée au protagoniste est sensible dans les pages de la nuit pour adresse.

Il est émouvant, au premier abord, de croiser les figures connues de cette époque dorée (qui ne l'était pas tant, mais qui a été transmise ainsi aux générations suivantes), et de voir s'animer McAlmon, au centre d'un monde dont on aurait juré qu'il était absent, tant il nous est familier au travers des représentations que l'on s'en fait, grâce à Gatsby, grâce à toutes les reconstructions de ces années-là qui ne le mettent jamais en scène, oublieuses, imparfaites.

La relation entre McAlmon et Joyce ne laisse pas de marbre, on a soudain l'impression qu'Ulysse doit beaucoup à l'éditeur, soutien inconditionnel de Joyce, compagnon de fête (tous deux avaient un goût prononcé pour l'alcool) et rédacteur à ses heures (c'est lui qui a dactylographié les cinquante dernières pages de l'oeuvre, dans laquelle il a même laissé au passage son empreinte).

Celle qui le liait à Hemingway est davantage ombrageuse, et lourde de conséquences, puisqu'elle lui devra d'être éclipsé et de se retrouver isolé, alors que c'est à lui que Hemingway doit sa première publication. La mise en exergue de leur rapport à la virilité est très intéressante, et module la perception que l'on a pu avoir de Hemingway, auteur largement célébré, dont on a eu tôt fait d'oublier le caractère très particulier, rappelant les accents de la mégalomanie (dimension néanmoins incarnée merveilleusement par Gertrude Stein, dont certaines déclarations surprenantes sont rappelées dans le livre).

A travers le prisme proposé par l'auteur, consistant à remettre McAlmon à la place qui était la sienne comme s'accordent à en attester les témoignages exhumés datant de cette époque, on revisite un temps que l'on croyait connaître, des figures dont on a côtoyé les noms sans toujours comprendre les relations qui les liaient les unes aux autres. Et, bien entendu, on fait connaissance avec Robert McAlmon, les milles facettes de sa personnalité patiemment dessinées à l'épreuve de ce qu'a été sa vie, ses hauts et ses bas, plus excessifs qu'ils ne le sont pour le commun des mortels, et contribuent à appréhender la vie de McAlmon comme une fulgurance.

Noceur incorrigible, mélancolique, exalté, loyal, entier, il ne manque pas de qualificatifs pour décrire McAlmon, comprendre l'admiration qu'il peut susciter, et s'interroger sur ce qui a pu conduire à sa fin abrupte, incompréhensible.
La nuit pour adresse est une ode à un homme hors du commun, auquel L Histoire n'a pas rendu justice. C'est aussi une réflexion sur ce qui fait L Histoire, et sur le pouvoir des générations actuelles de la réinterpréter, de la faire évoluer, et de revenir sur certaines de ses imprécisions et de ses oublis en nous démontrant qu'ils ne sont pas fatals.
Lien : http://viederomanthe.blogspo..
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Merci à Maud Simonnot de nous faire participer à la vie trépidante de cet illustre inconnu qu'est "Mac Almon"... Ce roman nous permet en plus de redécouvrir sous d'autres aspects des écrivains célèbres tels qu' Hemingway ou Joyce.... D'ailleurs quel plaisir de connaître l'histoire de la difficile édition de "Ulysses"!!! Je ne vous en dirai pas plus et vous laisserai ainsi le plaisir de dévorer ce magnifique ouvrage..!!!Et dire qu'apparemment c'est son premier livre!!! Je recommande vivement.
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Un très beau livre, empreint d'une mélancolie très attachante.
plus on avance et moins on veut voir la fin!
le climat de ces années 30 est dépeint avec justesse et on aimerait vraiment faire la fête avec les personnages.
Une decouverte!
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C'est par un biais original que Maud Simonnot nous entraîne dans les milieux littéraires anglo-saxons du Paris des années folles. Nous y plongeons en effet dans le sillage de Robert Mac Almon, écrivain, éditeur, ami de tous les intellectuels expatriés de cette époque, et dont pourtant nous ne connaissons aujourd'hui même plus le nom. C'est parce qu'il les côtoie régulièrement que nous rencontrons Joyce, alors aux prises avec son Ulysse, Hemingway écrivant ses premières nouvelles, et d'autres encore, poètes, peintres et romanciers, autant de géants à leurs débuts, dont on partage brièvement le quotidien et les angoisses. Mais attention : Robert Mac Almon n'est pas, sous la plume de Maud Simonnot, un simple prétexte à ressusciter les grandes figures de cette fameuse « génération perdue », et à décrire le bouillonnement pailleté d'une époque où l'alcool et la littérature sont presque indissociables. Quand Joyce et Hemingway s'effacent de la vie de Robert Mac Almon, nous ne les regrettons pas parce que le personnage de Mac Almon lui-même fascine. Fêtard, fonceur, buveur invétéré, c'est aussi un homme passionné de littérature, dévoué à ses amis, au point de dilapider pour eux sa fortune, au point de s'oublier lui-même. Captivés dès les premières lignes, nous l'observons avec tendresse et inquiétude, conscients de suivre la trajectoire d'un homme semblable à une comète, solaire et brûlant comme elle, mais fatalement appelé à s'écraser. Et nous pressentons le caractère inéluctable de cette fin tout au long de la lecture du roman, qui dès lors n'est plus la simple biographie d'un écrivain injustement oublié par l'Histoire et la littérature, mais bien une tragédie, celle de tout homme qui fait le choix de vivre le plus intensément possible l'instant présent, sans envisager que ces moments, fragments d'étoiles mis bout à bout, ne suffiront peut-être pas, si étincelants soient-ils, à donner du sens à une vie. Un très beau roman.
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Maud Simonnot signe un très bel ouvrage dans lequel elle ressuscite et rend hommage à une figure haute en couleur du Montparnasse des années vingt, l'écrivain, le mécène, l'éditeur, l'ami du Tout-Paris, l'américain Robert McAlmon. Maud Simonnot, éditrice chez Gallimard, signe ici son premier ouvrage, qu'elle consacre à une personnalité littéraire qu'elle admire. Elle pose un oeil bienveillant sur cet artiste excentrique qui fut au coeur de l'effervescence artistique et du bouillonnement intellectuel des années folles. Robert McAlmon fut la figure de proue de cet élan littéraire moderniste, et de cette "génération perdue" d'après les termes employés par Gertrude Stein. Il deviendra le point de jonction entre tous les membres de cette société d'expatriés américains à Paris, qui y brulèrent la vie par les deux bouts. de cette époque, on retiendra Paris est une fête d'Ernest Hemingway - largement inspiré de ses escapades nocturnes au côté de Robert McAlmon, l'oeuvre magistrale de James Joyce, Fitzgerald, T.S. Eliot... mais celui qui fut de toutes les soirées parisiennes, le noceur infatigable a depuis injustement sombré dans l'oubli. Robert McAlmon n'a pas seulement été cet oiseau de nuit déambulant une bouteille à la main entre Saint-Germain-des-Prés et Montparnasse - carré magique appelé "The Quarter", son apport à la littérature a été colossale. Maud Simonnot nous raconte cet homme, sans qui les figures les plus illustres de cette époque de renouveau esthétique n'auraient jamais acquis une telle visibilité et une telle notoriété [...]
Lien : http://www.booksnjoy.com/nui..
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Une biographie documentaire, pas vraiment un roman. On peut parfois se laisser prendre par des bios romancées sur des personnes que l'on connait peu, mais là c'est dur de s'accrocher. C'est plat ....
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Robert Mc Almon a eu un destin extraordinaire que rien ne laissait supposer. Il a réussi à avoir un rôle de catalyseur en aidant, à Paris, à la publication de grands auteurs anglo saxons alors peu connus. Cela parait simple mais c'était en fait une aventure de tous les jours alors que les nuits étaient synonyme de fêtes folles. Ceux qui ont aimé le film Paterson, un hommage à la poésie, avec un surprenant Adam Driver, feront le lien avec le livre qui évoque aussi le poête. L'autrice aime cette lost génération et la personnalité fantasque de R Mc Almon, merci à elle pour cette belle évocation.
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