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Critique de Eric76


Insupportable anglais, raide et revêche, qui jette un regard dédaigneux sur tout ce qui ne lui ressemble pas... Soixante-huit ans au compteur, ancien militaire, et nostalgique du grand empire perdu… Un monde moderne qui décidément ne l'intéresse pas. Toute cette agitation, cette frivolité, ce manque de savoir-vivre, ce goût étrange pour tout ce qui est nouveau et neuf, très peu pour lui ! Lui ne se sent bien qu'à Edgecombe Saint Mary, le village de ses aïeux. Lui n'aime que les vieilles choses patinées par les ans, ébréchées ici, rayées là, un peu branlantes sur les bords, mais qui ont toutes une histoire à raconter. Un coeur froissé au souvenir de son épouse partie trop tôt. Un coeur endurci où se cachent pourtant beaucoup de tendresse et de pudeur. Tout cela ! c'est le major Pettigrew.
Et puis il y a madame Ali. Une pakistanaise qui tient l'épicerie du village. Madame Ali est très inquiète, car depuis la mort de son mari tant aimé, sa famille ne cesse de lui rappeler qu'une veuve de son âge devrait rentrer au bercail pour s'occuper de la marmaille du clan. Son indépendance choque et dérange. Elle passerait presque pour une provocation. Comment résister à la pression familiale quand on est seule à cinquante-huit ans ?
Pas besoin d'être grand clerc pour deviner que Madame Ali et le major Pettigrew vont se rencontrer, puis s'aimer. Et pour cela, être contraints de bousculer sérieusement le rituel des convenances, aussi bien pakistanaises qu'anglaises. Ah ! L'émoi du vieux major raide et sarcastique à la vue des foulards aux couleurs éclatantes de Madame Ali et de son sourire radieux. Au moindre de ses soupirs, il faut le voir s'emballer comme un ado boutonneux en train de découvrir pour la toute première fois une poitrine de femme. C'est touchant. C'est drôle. C'est beau.
Difficile de s'aimer quand on a dépassé une certaine limite, et d'ignorer deux familles aussi sensibles que du béton. le major et madame Ali s'enfuiront au bout du monde, et c'est au bout du monde qu'ils feront l'amour pour la première fois. Ils garderont comme un bien précieux ce petit moment d'éternité. Lui et son bonheur tout neuf de jeune écervelé ; elle qui se sent libre aux côtés de cet homme couvert de rides et de cicatrices.
Un beau livre. Un récit d'une grande humanité et d'une grande tendresse. Rien n'est plus beau que la chanson des vieux amants.
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