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Critique de akcd


akcd
11 février 2023
Vous aimez les romans d'Emile Zola ? Les films de Ken Loach ? Vous rêvez d'Amérique et pensez encore que tout y est possible ? Si vous répondez positivement à au moins une de ces questions, ce livre est fait pour vous.
Upton Sinclair met en scène, en 1900, une famille lituanienne partie tenter sa chance de l'autre côté de l'Atlantique. Il parait qu'à Chicago, les abattoirs embauchent à tour de bras et que les salaires y sont élevés. Jurgis, Ona, Elzbieta, Marija et les enfants rassemblent leurs économies et quittent leur campagne lituanienne natale pour rejoindre la terre de l'oncle Sam. Ils vont y découvrir l'enfer.
L'enfer, Upton Sinclair le décrit avec un factuel glaçant. Quarante ans avant la publication des Raisins de la colère (Steinbeck), il expose la perversion du capitalisme sous tous ses angles possibles. Esclavage ouvrier, corruption des élus, impunité judiciaire, fraude alimentaire… Dans le quartier des abattoirs de Chicago, le pouvoir du trust de la viande n'a pas de limites. L'horreur des conditions de travail est indescriptible. L'hygiène alimentaire, inexistante. le destin des malheureux émigrés, aussi innocents à leur arrivée dans cette jungle humaine que le bétail qu'ils contribuent à transformer en chair à saucisse avariée, est scellé d'avance. Leur vigueur est siphonnée en quelques jours. Leurs économies volées par les rapaces de l'immobilier, des transports, de la médecine, de la justice et j'en passe. Leur avenir, nul. Tenter sa chance à Packingtown, c'est se condamner au désespoir et à une mort certaine.
Oui, tout est possible en Amérique. Upton Sinclair dénonce avec une telle force la réalité des conditions de travail aux abattoirs de Chicago, qu'après la parution de la Jungle et le scandale que le roman provoque, Theodore Roosevelt ordonnera une enquête qui conduira à la création de la FDA (Food and Drug Administration). C'est là une ironie bien amère qu'Upton Sinclair analysera avec les mots suivants : « J'ai visé le coeur du public et par accident je l'ai touché à l'estomac. ». Ou dit autrement, on se fout de protéger les ouvriers ; par contre, préservons le palais délicat des plus riches, n'est-ce pas ?
Je vous laisse découvrir par vous-même l'espoir vain sur lequel se termine La Jungle. La société américaine a-t-elle progressé en matière de protection sociale, cent-vingt ans après la parution du livre ? Rien n'est moins sûr.
Lien : https://akarinthi.com/2023/0..
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