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Critique de ClajaB


ClajaB
22 décembre 2023
En 1936 aux États-Unis, deux best-sellers se sont disputés la première place au classement des meilleures ventes: « Autant en emporte le vent » de Margaret Mitchell et « Les Frères Ashkénazi » d'Israël Joshua Singer.
Ils ont un point commun : le roman de l'aîné de la fratrie Singer (dont je viens de découvrir qu'elle comprend également une soeur écrivaine, Esther Kreitman) est également un roman historique de grande envergure, couvrant plusieurs générations de la vie d'une famille.
Singer a écrit sur la vie de la communauté juive d'Europe de l'Est de la moitié/fin du XIXème siècle à 1920 et sur la transformation de la civilisation juive ashkénaze, conséquence des idéologies nouvelles et des affrontements entre tradition et modernité mais aussi du traitement qui lui a été réservé (discriminations, antisémitisme systémique, pogroms d'une barbarie absolument effroyable…) qui aura pour conséquence une forte émigration. Roman épique, « Les Frères Ashkénazi » est l'histoire représentative de la vie des Juifs ashkénazes, le nom de la famille qui est au centre du récit n'est évidemment pas un hasard. Il est plus largement un roman historique sur la révolution industrielle et les débuts du communisme.
La majeure partie du roman se déroule dans la ville de Lodz, principalement au sein de l'importante communauté juive qui y vivait avant la Seconde Guerre mondiale. Lodz, petit village polonais, va devenir une capitale internationale de l'industrie textile.
Nous allons suivre le destin des frères Ashkénazi, de leur naissance à leur mort, des jumeaux diamétralement opposés dont les caractères dissemblables détermineront le destin. Simha Meyer, l'aîné de quelques minutes, frêle, de petite taille, est un garçon solitaire, extrêmement brillant, ambitieux et manipulateur. Yakov Bunem est son opposé: grand, vigoureux, athlétique, charismatique, généreux, bon vivant et peu doué pour les études.
Simha Meyer, le véritable personnage principal du roman, s'éloignera de son éducation juive hassidique et deviendra un homme d'affaires prospère, impitoyable, obsédé par la seule réussite. Il jalousera son frère et son destin.
Entre eux, une femme, Dinelé, dont tous deux sont épris et que l'un d'eux épousera.
« Les Frères Ashkénazi » est aussi un roman aux personnages foisonnants. Nous suivons également le destin de personnages secondaires notamment deux juifs d'origine différente séduits par le marxisme.
Ce roman dense est un une vaste fresque sociale d'une richesse exceptionnelle, un véritable chef-d'oeuvre et un formidable, passionnant témoignage d'un lieu et d'une époque révolue permettant de mieux appréhender et comprendre tout un pan de l'histoire de l'Europe de l'Est, de la révolution industrielle, à la Grande Guerre, à la Révolution russe et la Seconde République polonaise.
« Tout ce que nous avons bâti ici, (…) nous l'avons bâti sur du sable… ».
Un roman avec lequel j'ai très envie d'enchaîner : « La Terre promise » de Wladyslaw Reymont (prix Nobel de littérature), considéré comme un chef-d'oeuvre, se déroule aussi à Lodz à la fin du XIXe siècle et met en scène 3 hommes qui s'associent pour fonder une des plus puissantes fabrique de textile.
« une fresque urbaine, morale, sociale et économique d'un des grands centres industriels de la Mitteleuropa ».
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