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Critique de nathiec44


Que dire d'un livre magique et merveilleux ? Comment ne pas dénaturer le récit et mon ressenti ?

J'ai été éblouie par ce récit dès les premières pages, consciente de tenir entre les mains un livre rare. A la fois poétique, magique malgré la guerre et la barbarie.
Nous sommes au Cambodge en 1971 ; Saravouth a 11 ans, il vit paisiblement à Phnom Penh auprès des siens, son père, sa mère, sa soeur.

Le soir, sa mère lit des histoires aux enfants et les emmène dans des pays imaginaires. Saravouth est un garçon plein d'imagination, il s'est construit un Royaume Intérieur. Peter Pan, un château fort pour protéger les princesses, les douves, une pagode, son Royaume Intérieur ne cesse de se parer de splendides lumières, d'espèces merveilleuses aux noms étranges, des coquecigrues, des tapirs à monocle……

Pourtant, le monde réel est menaçant, la guerre civile fait rage, c'est la montée en puissance des Khmers rouges et leurs lots d'atrocités. La folie des hommes brise et broie l'univers de Saravouth, elle charrie des monstres et la mort.

Lorsque le pire est accompli, que Saravouth survit miraculeusement seul dans la forêt, le Royaume Intérieur devient son refuge. Pourtant grièvement blessé, pris en charge par une vieille femme, jamais il ne cesse de chercher sa famille.

Durant son périple, il assistera au pire de ce que l'être humain peut faire, échappera à la folie. Il rencontrera des personnes formidables comme le Père Michel, missionnaire à la tête d'un orphelinat.

La lecture est très éprouvante et insoutebable.

Comment un enfant peut-il être confronté à de telles atrocités ? Et pourtant, Saravouth se laisse guider par son imaginaire, son Royaume Intérieur qui le porte. Il est rare qu'un texte célèbre avec autant de force la puissance des morts et de l'imaginaire.

Saravouth a existé puisque l'auteur l'a rencontré en 2004, a échangé avec lui tous les jours durant trois ans.

« Je ne suis pas mort » a-t-il dit à Guillaume SIRE «mais la mort, grâce à moi est vivante ».

Saravouth devenu adulte n'aura jamais la certitude que ses parents et sa petite soeur sont morts, il a survécu à la guerre mais rien en lui n'a survécu.

C'est une lecture inoubliable, un texte très fort né d'une rencontre. Comme conseillé par l'auteur, à prolonger en visionnant le documentaire « Odysseus' Gambit » sur internet pour ne pas oublier, rendre hommage à cet homme exceptionnel, happé et marqué à vie par la guerre.

Merci infiniment à #NetGalleyFrance# et aux #Editions Calmann-Levy#

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