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Critique de AltheaWonderland


Autant vous prévenir dès le début, que vous ayez le temps d'éventuellement fuir avant de vous investir dans la lecture de cette chronique, mais je vais me fâcher sévère lorsque j'en viendrais à évoquer la seconde partie du roman. du coup j'ai décidé de découper cette chronique en deux, comme le roman, et si vous avez envie de lire quelque chose de relativement positif je vous conseille de ne lire que la première moitié.

Partie 1 - Sympathique mais assez bateau

Boyfriend App nous propose de suivre Audrey, une "geekette" (suis-je la seule à avoir du mal avec la féminisation de ce terme ?) relativement clichée mais sympa. Comme toutes les héroïnes de ce genre elle a un physique assez passe-partout, est élevée dans une famille devenue récemment monoparentale et qui a du mal à joindre les deux bouts, est détestée de manière appuyée par la fille la plus populaire du lycée, et a une bande de copains geeks et loosers avec qui elle baragouine à grand renfort de vocabulaire informatique/geek. Bref comme je l'ai dis elle est totalement interchangeable avec n'importe quelle geek de la littérature young adult. Néanmoins elle nous est relativement sympathique, quand elle ne nous tape par sur les nerfs puisqu'elle est parfois un peu tête à claques. Victime de harcèlement cruel de la part de sa grande rivale ? le monde est trop injuste. Une autre fille s'intéresse au mec de sa bande de geek qui lui plait mais vers lequel elle n'a jamais tenté aucune approche ? Bouh c'est encore trop injuste et cette fille est forcement une grosse écervelée. Audrey passe donc beaucoup de temps à geindre et à s'apitoyer sur elle-même.

Les personnages secondaires du roman, principalement ceux de l'entourage de l'héroïne comme sa cousine Lyndsay, son crush Aidan, ou ses amis "troglos", restent quant à eux relativement sympathiques bien que présentés de façon assez stéréotypés tout de même. Katie Sise a choisi de ne pas creuser la psychologie des personnages et c'est donc un peu dommage qu'on reste autant en surface avec tout le monde.

Cependant l'aspect central du roman est bel et bien cette fameuse Boyfriend App que Audrey décide de créer dans l'espoir de remporter le concours organisé par la grosse boîte informatique Public. de base l'idée est assez bien trop trouvée et l'influence des réseaux sociaux, et de la popularité éphémère qui en découle, est plutôt bien représentée. En tout cas c'est plutôt réaliste de ce côté là. Je pense que si le roman était resté sur la lignée de cette première partie il aurait mérité une note plutôt correcte, un 3/5 par exemple, mais malheureusement l'auteure a choisi de prendre un chemin vraiment craignos pour la suite de son roman et cela porte réellement préjudice à l'ensemble. Et puisqu'on parle de la partie 2...

Partie 2 - La question de la culture du viol
(Spoilers éventuels si vous ne souhaitez pas connaître la version 2.0 de la Boyfriend App)

Suite à la baisse de popularité de son application, Audrey décide d'en sortir une version 2.0 afin de remonter dans le classement et d'espérer remporter la bourse d'étude dont elle a tant besoin. Pour arriver à ses fins Audrey décide de résoudre le problème qui avait fait chuter la Boyfriend App 1.0 : si l'application choisi le garçon qui serait votre idéal, rien ne vous garanti qu'il sera intéressé par une relation avec vous... La solution d'Audrey à ce problème ? Utiliser un logiciel secret qu'elle a découvert et qui permet d'influencer les personnes grâces à des ondes sonores inaudibles. Et c'est là que le roman tombe dans l'aberration et où je me suis vraiment mise en colère. Non seulement le récit prend un chemin presque proche de la science-fiction avec cette histoire d'ondes manipulatrices, aspect que l'auteure essaie de nous faire avaler en nous abrutissant de termes complexes, mais surtout on bascule dans ce qu'on appelle communément la culture du viol. le personnage principal vend à des adolescentes une application qui enlève toute volonté propre au garçon de leur choix en le rendant fou de désir. Laissez-moi reformuler ça : elle vend une application pour abuser d'un autre être humain en toute impunité. Et tous les personnages du romans ont l'air de trouver ça normal ! Mêmes les adultes ne questionnent pas une seule seconde la moralité plus que douteuse et les énormes dérives de cette application, au contraire Audrey est félicitée pour son initiative. SÉRIEUSEMENT ?

Vous trouvez ça normal vous de faire d'une personne sa chose en lui retirant toute volonté ? Aux dernières informations, c'est de l'abus de faiblesse ! Et quand on utilise ce pouvoir pour en plus abuser physiquement de la personne, que ça aille de simples attouchements à une éventuelle relation sexuelle, ça s'appelle du viol. Comment on peut écrire un roman destiné à un public adolescent en passant le message que c'est fun de faire faire ce qu'on veut aux gens contre leur gré ? Autant les romans comme Fight for Love ou Cinquante Nuances de Grey qui romantisent des troubles psychiatriques ou de la maltraitance psychologique ça me débecte, autant là je suis carrément outrée. Et ça me fait me poser une question que je déteste me poser mais qui malheureusement me turlupine très souvent avec les propos extrémistes que certaines personnes se disant féministes revendiquent, : est-ce que si Audrey avait été un garçon et avait crée une Girlfriend App ça aurait été plus choquant ? Est-ce que le message sous-entendu c'est que ça compte pas si c'est des garçons qui sont abusés ? Parce que quand dans le roman une ado utilise l'appli sur une autre fille et que Audrey a un moment de doute, ça rend les choses presque pires si c'est tant soit peu possible. C'est rare que j'écrive une chronique allant aussi négativement à l'encontre d'un aspect d'un roman, mais là ça bouillonnait vraiment trop et fallait que ça explose. Parce que ce n'est pas sous prétexte que c'est censé "être drôle et léger" et que "c'est de la fiction" qu'on peut tout se permettre et envoyer valser toute éthique.

Ainsi Boyfriend App a été une grosse déception pour moi. Si la première partie est sympathique tout en restant clichée, la seconde m'a mise mal à l'aise et vraiment en colère par sa moralité plus que douteuse. Katie Sise emmène vraiment son récit sur des terrains très dangereux et peu recommandables, et ma note finale fut bien réduite par cette seconde partie à laquelle j'accorde un mérité zéro pointé !
Lien : http://altheainwonderland.bl..
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