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Critique de domi_troizarsouilles


Voici quelques jours déjà que j'ai terminé ce roman, un de plus parmi ceux que j'ai trouvés au catalogue de Lirtuel (la bibliothèque belge francophone en ligne), et je ne sais toujours pas bien quoi en dire. Autrement dit : je n'arrive pas à déterminer s'il m'a vraiment plu, s'il m'a laissé indifférente, ou s'il m'a irritée.

J'ai surtout le sentiment persistant d'une certaine confusion.
Dès le début, je me suis sentie un peu perdue : c'est que l'autrice balade le lecteur d'une personne à l'autre, ces cinq cadavres que l'on retrouve et qui s'avèrent empoisonnés – ce n'est pas du spoil, le résumé le dit. Mais ici, on passe d'un cadavre à l'autre comme si on les survolait, à un tempo très rapide qui ne permet pas au lecteur de s'ancrer la moindre minute. On passe ensuite très vite, aussi, à la famille de Béatrice (qui s'avérera la personnage principale), mais avec un foisonnement de personnages qui l'entourent, qui sont trop nombreux pour qu'on saisisse d'un coup qui est qui, et qui en plus n'ont quasi aucune utilité dans la suite de l'histoire. Si je vous dis qu'il s'agit de la mère, du beau-frère ou du petit-neveu (si seulement j'ai bien compris !) et j'en passe… On peut deviner / espérer qu'ils apparaîtront peut-être plus tard dans l'histoire, mais pour moi il était inutile et « confusionnant » de les présenter ainsi tous en vrac, dans un joyeux désordre qui fait très « grande famille », a priori aimante, et on s'en réjouit… mais à nouveau : ça ne permet pas au lecteur de s'y retrouver…

Quant à Sylla, ce fameux Moussa Sylla qui a donné son nom au titre du livre, il apparaît certes, mais comme un rôle secondaire très effacé : il n'a pas de vraie consistance, très peu d'interactions avec les autres personnages, c'est au point qu'une des ses épouses (oui, oui, car ici il est question de polygamie, en France, mais on est retourné se marier plusieurs fois au pays, et apparemment tout le monde trouve ça normal) va prendre plus d'importance que lui, sans toutefois jamais sembler en avoir autant que d'autres personnages secondaires qui vont émerger çà et là.

Après ce début laborieux, et la fameuse affaire Sylla qui est expédiée en deux coups de cuillère à pot, notre Béatrice veut aller plus loin car elle sent qu'il y a anguille sous roche, notamment au sujet de cette fameuse société pharmaceutique Merculix, où son mari occupe un poste de cadre supérieur. Là, le roman prend sa véritable dimension et aurait pu devenir passionnant.
J'ai lu plusieurs commentaires disant que l'autrice rend extrêmement bien les aspects procéduriers d'une enquête telle qu'elle se déroulerait en France, étant elle-même rompue à ce genre d'exercice. Pour ma part, je suis incapable d'estimer correctement cet aspect-là : non seulement je suis belge et donc la législation française ne s'applique pas pour moi (même s'il y a indéniablement des similitudes), mais de toute façon je n'y connais rien à « tout ça », et serais plutôt de tendance à « croire » tout ce que nous proposent les séries télévisées policières françaises ou même à l'américaine - dans le sens de me laisser emporter sans me poser aucune question sur la véracité technique des choses.
Quoi qu'il en soit, il faut bien reconnaître que l'autrice semble s'y connaître en effet, ce qui donne un récit vraiment réaliste, tout à fait plausible et dont les différentes étapes sont maîtrisées. Ainsi, on se laisse entraîner par l'action, toujours bien dosée par ailleurs, avec même quelques moments de frissons.

Hélas, c'est à nouveau au niveau des personnages que le bât blesse… Ils sont soit trop caricaturaux, soit tellement ambigus que le lecteur ne comprend plus bien quel est leur rôle dans l'histoire. On passera sur le CEO (américain, bien sûr) du groupe Merculix, qui est évidemment un sale type qui ne pense qu'à faire du fric, tellement classifié « mauvais » qu'on n'y croit pas tout à fait. Il y a Patrick, le mari de Béatrice, qui est traité de manière incohérente. Mais il y a surtout Nathalie, dont je ne vous dirai pas beaucoup plus, si ce n'est qu'elle est censée appartenir au camp des « méchants » dans cet univers malgré tout très manichéen. Mais alors, l'autrice parvient à la rendre tellement pathétique et en même temps humaine, qu'on souffre avec elle à un moment donné, une véritable compassion qui ne cesse de s'amplifier, jusqu'à ce que je me dise : « mais zut, je suis censée la détester après tout ! », mais on n'y parvient jamais tout à fait, ce qui ajoute à la confusion.

Je reste donc perplexe à la suite de cette lecture : une enquête intéressante, menée avec une rigueur apparente et à un rythme parfaitement dosé, et qui va crescendo avec même quelques frissons, jusqu'à une fin en forme de cliffhanger. Mais aucun des personnages ne m'a convaincue : soit trop caricaturaux, soit ambigus au point de perdre le lecteur, soit trop effacés alors qu'on s'attendait à plus de présence, ils donnent à l'ensemble une impression de confusion qui reste persistante plusieurs jours après avoir refermé le livre.
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