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Critique de 5Arabella


C'est le troisième roman de Josef Škvorecký dans lequel apparaît Daniel Smiricky, qui ressemble par bien des aspects à l'auteur lui-même. Ce roman a une construction plus complexe que les deux premiers, Les lâches et L'escadron blindé, les événements relatés se passent à des moments différents, certains ont lieu au début des années cinquante, et d'autres autour de 68. Il y a des allées et venues dans le temps, et cela demande parfois de l'attention de savoir où l'on est et à quel moment.

En ce qui concerne Danny, dans la partie la moins récente il est tout frais émoulu de l'université et attend d'effectuer son service militaire. Il a été envoyé comme enseignant dans une école de fille dans une petite ville. Et là il assiste au cours d'une messe à un « miracle » une statue de saint Joseph qui bouge. Une quinzaine d'année plus tard, au moment du dégel, une des relations de Danny enquête sur ce supposé miracle et sur les événements en rapport, comme l'enlèvement et l'assassinat du prêtre, toute les machinations de la police secrète autour de l'événement.

Dans les résumés du livre que j'ai pu lire, les commentateurs insistent sur l'aspect « bilan » du printemps de Prague. Une partie importante de l'histoire se déroule pendant ou à proximité de cet événement, mais le mot de bilan me paraît inapproprié ; car il suppose une sorte d'approche systématique et structurée, alors que nous sommes en présence d'un kaléidoscope, d'une succession d'images, d'impressions ; et réducteur car le roman aborde bien d'autres thèmes et aspects qu'uniquement le printemps de Prague. C'est une sorte de vision ironique et désabusée de l'homme, avec la tentation d'adhérer à un discours de certitudes, que ce soit religieux ou politique, qui dédouane finalement de toute remise en question. le catholicisme, le communisme ou la critique de ce dernier, aboutissent à des schémas de pensée systématiques, dans lequel la cohérence interne du propos tient lieu de vérité, au risque d'écraser les personnes. L'essentiel de la charge est dirigé en direction du discours communiste, la mise en relation avec le discours et la réalité est la plus féroce, mais à aucun moment l'auteur ne nous laisse oublier que ce discours là est l'un parmi d'autres, et que justifier des horreurs par un raisonnement logique apparemment irréfutable est une grand spécialité humaine, existante à toute époque.

Malgré toute la noirceur de cette vision du monde, le livre est loin d'être sinistre, car l'auteur choisit l'humour et le rire pour affronter le monde qui l'entoure. Un humour par moment très noir et un rire qui peut être un tant soit peu désespéré, mais quand même l'humour et le rire sont les meilleures armes. Et ce qui est le plus visible au premier coup d'oeil ce sont les aspects légers et satiriques, la noirceur ne vient vraiment pleinement que dans un deuxième temps, comme un dépôt.

Ambitieux, aussi bien dans la construction que dans la vision du monde et de l'homme, Miracle en Bohème, n'est pas à mon sens complètement abouti. Je trouve en particulier que l'auteur n'a pas complètement maîtrisé la construction complexe de son livre. Certains éléments ne m'ont pas parus vraiment pertinents (comme l'histoire de la partie d'échecs à distance truquée), d'autres pas complètement exploités ou un peu confus au final.
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