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Critique de fanfanouche24


[Choisi à la Librairie Caractères / Issy-Les-Moulineaux- Vendredi 22 janvier 2021 ]
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Un petit bijou…lu en un temps record !

Un texte dense et inattendu pour cette collection originale « Une nuit au musée », collection que j'apprécie beaucoup et suis avec grande attention !

Leïla Slimani est sollicitée par son éditrice et invitée, pour écrire un texte dans cette collection, à passer une nuit dans un endroit incroyable que je ne connaissais que de nom et quel nom….pour partir « en rêverie » : « La Douane de mer » ancien bâtiment transformé en musée d'Art contemporain…à Venise !

« Venise est une ville sans terre. Sans terroir et sans autre richesse que le sel. On se nourrit du dehors, de l'extérieur, de l'étranger. J'y vois le symbole de ma propre histoire. Peut-être est-ce là que je vis, dans un lieu qui ressemble à cette presqu'île pointue. A une douane qui est par essence un lieu paradoxal. Je n'ai ni tout à fait quitté mon lieu de départ ni tout à fait habité mon lieu d'arrivée. Je suis en transit. Je vis dans un entremonde. (p. 128) »

L'auteure ne cache pas sa perplexité sur le projet ainsi que son ignorance quant à l'art contemporain. Autant elle est dans son élément dans les mots, la fiction, le travail d'écriture…ce qui nous vaut de très abondantes , intéressantes analyses sur la maturité et les difficultés inhérentes à l'Ecriture ! Autant elle n'est pas à l'aise dans les musées… ne se sent pas à sa place !

« Les musées continuent de m'apparaître comme des lieux écrasants, des forteresses dédiées à l'art, à la beauté, au génie et où je me sens toute petite. J'y éprouve un sentiment d'étrangeté, une distance que je cherche à cacher derrière une fausse nonchalance. le musée reste pour moi une émanation de la culture occidentale, un espace élitiste dont je n'ai toujours pas saisi les codes. »

Cette nuit si particulière, au sein de « La Pointe de la Douane »…fera réfléchir Leïla Slimani sur la création littéraire, son combat avec l'écriture, mais aussi sur l'Art, son enfance marocaine, et surtout la ramènera à son Père, ce père vénéré, mystérieux, « noyau central » de son parcours de sa vie de femme et d'écrivain…Un Père, fou de littérature et de livres... ayant subi un procès et une incarcération injustes, le détruisant !

Leïla Slimani dans un interview de Télérama [du 20 /01/ 2021 n° 3706] confie qu'elle, qui n'aime pas se tourner vers le passé, va repenser au cours de cette nuit, à son enfance. Cette nuit d'enfermement volontaire dans ce musée d'art dans une ville aussi singulière que Venise va induire un retour sur elle-même, les raisons de son choix d'être une romancière, son rapport à son pays…La figure paternelle centrale . L'essentiel est là ; quelques remarques annexes sur les contenus du musée… Ainsi j'ai fait, par son intermédiaire, deux belles découvertes avec les artistes suivantes , Berenice Abbott, et Ethel Adnan….

Un texte aussi riche que précieux pour comprendre en profondeur le parcours de cette auteure déjà prolifique… Pour ma part, c'est le premier texte que je lis d'elle, ayant depuis des mois dans ma PAL, « le Pays des autres » , en attente !Je le lirai ainsi ,avec un regard plus averti !



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