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Citations sur Le parfum des fleurs la nuit (339)

Ce qui me touche chez les grands écrivains, c'est leur considération. Dans les livres qui m'ont éblouie, les auteurs semblent animés d'une telle empathie que les existences les plus triviales, les sentiments les plus quotidiens se parent de magie. Quelque chose de grand semble sortir de nos vies misérables. Ils m'ont donné l'espoir ou l'illusion qu'on pouvait se comprendre, qu'on pouvait même se pardonner ou ne pas se juger. Que nous n'étions pas condamnés à la froide et interminable solitude.
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Les expressions populaires sont aiguisées comme de petits poignards qu'on enfonce dans les plaies de la vie. Les gens disaient : « II n'y a pas de fumée sans feu ». Or, il y a des feux qui brûlent longtemps sans qu'aucune fumée ne s'échappe du foyer. Il y a des flammes qui s'épanouissent en secret. Et puis il y a des fumées noires et poisseuses qui salissent tout, qui étouffent les cœurs, qui repoussent au loin les amis et le bonheur. Des fumées dont on passe des années à chercher de quels feux elles proviennent. Et que parfois on ne trouve j'amais.
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Venise aussi est en train de mourir. La contempier, c'est contempler une agonie. Par la fenêtre, j'aperçois les eaux qui vont bientôt l'engloutir. Je tente d'imaginer les pilotis chancelants sur lesquels elle se tient. Je me figure ses palais ensevelis dans l'eau et la vase, ses souvenirs de gloire oubliés de tous, ses places pavées réduites à néant. Venise porte en elle les germes de sa destruction et c'est peut-être cette fragilité qui en fait la splendeur.
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Beaucoup pensent qu’écrire c'est reporter. Que parler de soi c'est raconter ce qu'on a vu, rapporter fidèlement la réalité dont on a été le témoin. Au contraire, moi je voudrais raconter ce que je n'ai pas vu, ce dont je ne sais rien mais qui pourtant m'obsède. Raconter ces événements auxquels je n'ai pas assisté mais qui font néanmoins partie de ma vie. Mettre des mots sur le silence, défier l'amnésie. La littérature ne sert pas à résumer le réel mais à combler les vides, les lacunes. On exhume et en même temps on crée une réalité autre. On n'invente pas, on imagine, on donne corps à une vision, qu'on construit bout à bout, avec des morceaux de souvenirs et d'éternelles obsessions.
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On me demande de quelle origine je suis et je réponds parfois que n’étant ni une pièce de viande ni une bouteille de vin, je n’ai pas d’origine mais une nationalité, une histoire, une enfance.
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Écrire c'est découvrir la liberté de s'inventer soi-même et d'inventer le monde.
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Depuis toujours, j’éprouve pour les autres plus que de la curiosité. Un appétit féroce. Un désir d’entrer au-dedans d’eux, de les comprendre, de prendre leur place pour une minute, une heure, toute la vie. Le destin des autres me fascine et il me fait souffrir quand j’ai le sentiment qu’il est cruel ou injuste. Jamais je n’ai pu me reposer dans le confort froid de l’indifférence. Le passant dans la rue, la boulangère qui parle trop fort, le petit vieux qui marche lentement, la nounou qui rêve sur un banc, tous m’émeuvent. Lorsqu’on écrit, on prend en affection les faiblesses, les défauts des autres. Nous comprenons que nous sommes tous seuls mais que nous sommes toutes les mêmes.
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C'est par la magie du regard, par l'interactivité, qu'un objet devient une œuvre d'art. Soit. Mais c'est précisèment parce que l'art peut être partout, dans un urinoir ou une pelle à tarte, que les artistes contemporains et le monde qui gravite autour sont aussi jaloux de leur travail. Cette insularite les protège d'un risque évident de dilution voire de ridicule. Moins l'œuvre en elle-même est le produit d'une technique ou d'un travail complexe et plus on a besoin de créer ce cercle de « connaissants » qui valident : oui, c'est bien de l'art. Et si je me retrouvais un jour admise dans ce cercle confidentiel, si j'étais initiée à mon tour, je finirais peut-être par dire moi aussi : « Non, ce n'est pas un simple ballon, abruri. C'est de l’art !»
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La première règle quand on veut écrire un roman, c'est de dire non. Non, je ne viendrai pas boire un verre. Non, je ne peux pas garder mon neveu malade. Non, je ne suis pas disponible pour déjeuner, pour une interview, une promenade, une séance de cinéma.
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" Oui, je suis détenu dans une prison de sécurité au beau milieu d'un no man's land. Oui, je demeure enfermé dans une cellule où la lourde porte de fer fait un bruit d'enfer en s'ouvrant et en se refermant (...) Tout cela est vrai mais ce n'est pas toute la vérité. Quand je me réveille avec le murmure de la neige s'empilant de l'autre côté de la fenêtre, en hiver, je commence la journée dans cette datcha aux énormes vitres où le docteur Jivago avait trouvé refuge. Jusqu'à présent, je e me suis jamais réveillé en prison. Je suis écrivain. Où que vous m'enfermiez, je parcourrai le monde illimité de mon esprit. Comme tous les écrivains, j'ai des pouvoirs magiques. Je peux traverser les murs avec facilité", écrit Ahmet Altan(Je ne reverrai plus le monde).
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