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Critique de salamanque


Après ‘La ballade de Jesse', excellent roman rock, conventionnel et mélancolique, Madison Smartt Bell revient à un registre plus âpre dans cette ‘Couleur de la nuit' qui remet en scène un vieux trauma de l'Amérique des seventies, l'affaire Manson, pour une méditation sur la violence et la fascination qu'elle provoque. L'héroïne, Mae Chorea, vit en semi-marginale dans une caravane près du désert du Nevada. Sa passion ? Dézinguer des coyotes au fusil, la nuit. Arrive le 11 septembre 2001, avec ses images en boucle d'immeubles qui s'effondrent. Sur une vidéo, elle reconnaît le visage de Laurel, son ancienne compagne. Ensemble, elles ont adhéré dans les années 1960 à une secte menée par un gourou (personnage largement inspiré de Charles Manson) et par un chanteur psychédélique, tous deux adeptes des rites sexuels brutaux… Apre, virulent, ‘La couleur de la nuit' est un roman sur la violence, le nihilisme, l'érotisme et leurs rapports, avec l'idée sous-jacente que la racine de la violence américaine est d'abord et avant tout d'origine sexuelle. de ce point de vue, Mae a tout subi : l'inceste avec son frère aîné, puis les rites meurtriers au sein de la secte. Pour elle, le 11 septembre réactive les pulsions anarchiques et sauvages de sa jeunesse ; mais la Laurel vieillie qu'elle retrouve sera-t-elle prête à la suivre dans son attirance renouvelée pour la violence ? Construit en courts chapitres (une à trois pages) à la première personne, avec une structure complexe à base de flashbacks, ce livre sombre, parfois un peu labyrinthique, laisse un arrière-goût troublant, comme s'il levait un coin de voile sur ce qui ne devait pas être vu : les profondeurs psychiques de son héroïne, et finalement l'inconscient collectif de la nation entière. « J'ai toujours dit que j'écrivais sous la dictée des démons, écrit l'auteur dans sa note finale. S'il est des gens pour se dire que l'expression doit relever de la figure de style, il est possible que ce livre démontre qu'il convient de l'entendre au sens littéral ». En effet.
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