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Critique de SophieLesBasBleus


Bienvenue au Cap ! Son quartier résidentiel où les riches familles de Blancs vivent entre piscine et salle de sport, le doigt en permanence à quelques millimètres du bouton d'alarme qui déclenche la venue de patrouilles de vigiles armés jusqu'aux dents, prêts à faire feu sur le Noir forcément menaçant. Forcément menaçant et forcément Noir, car la ségrégation raciale et sociale demeure enracinée dans les mentalités. Si bien que lorsque le jeune Christopher Lane massacre à coups de haltères sa petite amie, il paraît tout naturel à Beverley, sa mère, de faire retomber les soupçons sur Lyndall Solomons, le fils de sa femme de ménage noire. Affaire définitivement classée lorsque Lyndall est atrocement assassiné en prison. La vie peut continuer sans heurt dans le silence qui se referme comme un piège sur Michael Lane, mari de Beverley, déjà hanté par la culpabilité d'un accident mortel qu'il a provoqué vingt ans auparavant et qu'il a été incapable d'assumer. Seule Louise, la soeur de Lyndall, devine la vérité et tente de la faire éclater. Pour cela elle devra affronter son propre passé et s'enfoncer dans le ventre puant de la ville, là où ne règne que la loi du plus fort et du plus violent. Dans ces quartiers de misère et de terreur, il lui faut pactiser avec le diable, son propre père, pour assouvir sa vengeance.

En de courts chapitres que l'on dévore sans reprendre souffle, Roger Smith nous entraîne dans une spirale infernale de machinations effroyables. Aucun personnage n'échappe à cette violence qui diffuse ses fulgurances terrifiantes jusqu'au plus profond des êtres. Beverley sûre de sa supériorité et de son droit de vie et de mort sur les Noirs, Michael, veule et lâche, prêt à sacrifier les autres pour préserver sa tranquillité, Louise nourrie de haine jalouse... C'est à un véritable voyage à travers les ténèbres que cette histoire nous convie !
Mais c'est aussi un terrible constat : celui d'une société que l'apartheid, même aboli, continue de gangrener, disséminant encore ses germes délétères. Une construction magistrale au service d'une histoire qui se ramifie profondément et fait douloureusement écho à une réalité tant sociale que politique et morale. Impressionnant !!
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