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Critique de SergentPoivre


Ce Humphry Clinker qui donne son nom à ce très amusant roman picaresque n'en est absolument pas le personnage principal. Non seulement il n'apparaît qu'au quart du livre mais, de plus, il n'est l'auteur d'aucune des lettres.
Les véritables héros de cette aventure pleine de péripéties à travers l'Angleterre et l'Écosse du 18ème siècle, les personnages qui lui donnent tout son sel, sont Matthew Bramble (un hobereau gallois misanthrope et hypocondriaque au coeur d'or), sa soeur Tabitha Bramble (une vieille fille qui recherche désespérément un mari et croit découvrir un candidat au rôle dans tous les hommes qu'elle rencontre), son neveu Jeremy Melford (un jeune homme toujours prêt à se battre en duel avec quiconque attenterait à l'honneur de sa soeur), sa nièce Lydia Melford (une oie blanche qui se meurt d'amour pour un acteur de théâtre) et Winifred Jenkins (servante de Tabitha, qui hésite entre l'amour et le méthodisme).
Chacun de ces cinq épistoliers a son propre style, ses propres motivations et c'est souvent au travers des lettres de l'un que l'on découvre le caractère des autres. C'est également en additionnant ou en recoupant leurs courriers respectifs, dans lesquels un même événement est parfois décrit de manière fort différente, que l'on finit par connaître le fin mot de chacune des cocasses aventures de cette pittoresque compagnie.
D'intrigue, il n'est point : L'Expédition de Humphry Clinker, qui nous mène de villes thermales en auberges perdues dans la campagne et de Londres aux confins septentrionaux de l'Écosse, est avant tout un recueil d'observations satiriques – et souvent désopilantes – sur l'époque (agriculture, médecine, politique, urbanisme, état des routes, culture, classes sociales, justice, manières, alimentation, etc.). Bien que Tobias Smollett emprunte la forme épistolaire à Samuel Richardson, nous sommes ici dans le voisinage immédiat d'Henry Fielding.

Enfin, si ce roman, dont la langue est étonnamment moderne, "s'essouffle" un peu en son milieu, en ce sens qu'il perd un tantinet en humour pour se transformer en un hymne à l'Écosse et à ses habitants, il n'en reste pas moins un des romans les plus drôles et les plus pétillants du 18ème siècle. Sur mon étagère consacrée à la littérature anglaise de ce siècle, il est d'ailleurs posé directement à la droite de Histoire de Tom Jones.
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