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Critique de Presence


En 2011, DC Comics décide de redémarrer à partir de zéro l'ensemble de son univers partagé. le précédent se termine au cours de Flashpoint. le mois d'après DC lancent 52 nouvelles séries dans une opération baptisée "New 52". Ce tome regroupe les épisodes 1 à 7 de la nouvelle série consacrée à Swamp Thing, parus en 2011/2012. le scénario est de Scott Snyder (qui s'est également occupé de la -fausse- relance de Batman avec La cour des hiboux), les dessins de Yanick Paquette (épisodes 1,2, 3 avec Victor Ibanez, 5, 7), et Marco Rudy (épisodes 4 et 6).

À Metropolis, Clark Kent est le témoin d'une pluie d'oiseaux morts. Dans sa grotte Batman retrouve des chauvesouris mortes en grande quantité. Quelque part dans l'océan, Aquaman est entouré de poissons morts. Il y a quelque chose de pourri au royaume du vivant, ou tout du moins de déréglé. Superman va consulter le docteur Alec Holland, récemment de retour chez les vivants. Il travaille sur un chantier construction dans un marais en Louisiane. Il explique calmement à Superman qu'il ne peut pas l'aider car il n'est que récemment de retour parmi les vivants. Dans un désert de l'Arizona, 3 hommes sont agressés par des insectes qui s'emparent de leur corps, les tuent et utilisent leur corps. Après un cauchemar atroce dans lequel il se remémore une partie des souvenirs de Swamp Thing, Alec Holland se réveille en sursaut et sort pour se retrouver face à... ?

Au cours de Brightest Day 1, Geoff Johns avait ramené Swamp Thing dans l'univers partagé DC. Précédemment ce personnage s'en était éloigné lors des épisodes écrits par Alan Moore (à commencer par La créature du marais), pour finir par devenir indépendant dudit univers partagé et évoluer dans son propre environnement. Ces histoires étaient éditées par une branche spécifique de DC Comics, appelée Vertigo. Après Flashpoint, il appartient donc à Scott Snyder de donner une nouvelle existence au personnage dans ce nouvel univers partagé tout nouveau. D'un point de vu éditorial, la tâche est délicate. Faut-il tirer un trait sur l'incarnation imaginée par Alan Moore et recommencer tout à zéro ? Faut-il au contraire préserver la possibilité de l'existence de cette incarnation pour assurer la pérennité des ventes des recueils de Moore et bénéficier d'un historique tout prêt ?

La réponse à ces questions constitue une partie non négligeable du plaisir de cette lecture. Scott Snyder joue avec les a priori du lecteur connaissant cette incarnation passée pour mieux l'impliquer dans l'aventure. Pour ceux qui ne connaissent pas la précédente version, ils découvrent un nouveau personnage faisant des allusions à des événements antérieurs un peu opaques, mais sans trop d'incidence sur le récit. L'inclusion de The Heap (Baron Eric von Emmelman, personnage des années 1940, déjà évoqué par Alan Moore) ne parlera qu'aux connaisseurs (au début de l'épisode 2).

Scott Snyder repart effectivement de zéro en faisant Alec Holland le personnage principal de ce récit. Il plonge son histoire dans les codes des récits d'horreur, avec monstres et atteintes à l'intégrité physique des êtres humains. Il parsème la narration de plusieurs surprises, sans oublier les scènes d'action et le développement du personnage principal. le lecteur ne s'ennuie pas et découvre effectivement un nouveau début. L'ennemi principal est lié à celui qui hante les pages du premier tome d'Animal Man (La chasse), ce qui promet un crossover des 2 séries dans peu de temps.

Alors que Scott Snyder évoque les épisodes d'Alan Moore sans essayer de copier son style, il est vite apparent que Yanick Paquette fait tout son possible pour s'inspirer du style de Stephen Bissette et John Totleben. C'est apparent aussi bien dans sa manière de dessiner les monstres, que de mettre en premier plan la faune des marais dans certaines cases, ou même dans la façon dont il structure ses planches avec ces abstractions de végétaux qui font office de séparation entre les cases. Il ne s'en cache pas et insère même dans les décors un motel Totleben et un diner Wrightson. Paquette a vraiment pris du temps pour réaliser des dessins les plus aboutis possibles. Il dessine dans un style plutôt réaliste avec un souci du détail authentique. Par exemple les WC chimique du chantier correspondent vraiment aux modèles qu'il est possible de voir sur un chantier. La pelleteuse à chenille et la moto sont également des modèles fidèles à la réalité. L'influence de Bissette et Totleben est bien digérée et elle fournit une esthétique éloignée de celle des superhéros, même si Paquette n'arrive pas à générer des visions aussi viscérales et malsaines que celle de Bissette. Les illustrations de Paquette permettent au lecteur de s'immerger dans l'environnement d'Alec Holland, de percevoir ce qui l'entoure de manière convaincante. Marco Rudy et Victor Ibanez s'inspirent de cette esthétique pour s'en rapprocher le plus possible, même si leurs dessins n'ont pas le même niveau de détail et de fini que ceux de Paquette.

Avec ce premier tome, Scott Snyder et Yanick Paquette réimaginent Alec Holland pour une nouvelle génération de lecteur, sans tirer un trait sur l'incarnation précédente. Ils racontent une histoire accessible pour les nouveaux lecteurs, et intéressante pour les anciens lecteurs. Ce redémarrage est réussi ; le lecteur reste toutefois sur l'impression d'avoir lu surtout une introduction, plus qu'un récit consistant. Il reste à savoir si l'antagonisme de base entre Holland et l'ennemi principal permettra à fournira à Snyder assez de matière pour les épisodes suivants.
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