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Critique de Henri-l-oiseleur


Les derniers siècles de l'empire romain, ou sa chute, sont un sujet d'actualité au début du XXI°s. On se plaît à chercher des échos, des reflets, des exemples de notre propre fin dans celle de cet empire occidental, et les plus politiquement corrects parmi les "penseurs" aiment à rappeler que les Barbares apportèrent un sang neuf à Rome, qui, dans un louable esprit d'ouverture, étendit à tous la citoyenneté, etc ... Mme Sotinel va même jusqu'à mentionner en bibliographie un Ministre de la Culture d'on ne sait plus quel gouvernement, Aillagon, qui voyait dans les Barbares, à qui une exposition était dédiée, les figures des Migrants. Le risque de l'anachronisme est donc accru par l'idéologie et la propagande, comme d'habitude.

L'ouvrage, paru dans l'excellente collection "Mondes anciens" de Belin, évite beaucoup d'écueils de ce genre en se bornant à une histoire strictement politique, militaire et institutionnelle, de ces trois siècles. En cela, le travail est honnêtement fait, mais je me suis demandé parfois ce que Mme Sotinel ajoutait aux travaux de Michel de Jaeghere, d'André Chastagnol ou de Paul Veyne. On trouvera de magnifiques et nouvelles illustrations, stèles, monnaies, médailles expliquées, car l'auteur ne néglige pas les apports de l'archéologie récente ; ou par exemple ce très beau commentaire du mausolée de Galla Placidia à Ravenne : l'iconographie a été choisie pour servir de support à de passionnantes observations détaillées, qu'on aimerait rencontrer plus souvent. Il faudra recourir pour cela à Ranuccio Bianchi Bandinelli ("Rome, la fin de l'art antique") ou à Bernard Andreae ("L'art romain, d'Auguste à Constantin"). Quelques passages interprétatifs sont réellement bien venus, comme cette mise en relation évidente mais inattendue entre l'extension de la citoyenneté à tous les hommes libres de l'empire, et celle des persécutions religieuses. La mondialisation des droits s'accompagne de celle des devoirs. Mais il est rare que l'auteur se départisse de sa réserve universitaire, vertu qui devient une forme de soumission silencieuse à la doxa et se traduit par un récit historique qu'on peut trouver partout.

De Robert Turcan sur Constantin, aux livres innombrables sur Julien l'Apostat, jusqu'aux ouvrages cités plus haut, le lecteur risque d'avoir l'embarras du choix s'il s'intéresse à cette période. Ce beau livre se recommande particulièrement comme oeuvre de synthèse bien faite, mais pas très innovante.
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