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Critique de xst


xst
30 octobre 2016
Une jeune femme part une semaine sur le chantier de la Romaine sous prétexte d'écrire de la poésie mais surtout pour essayer de renouer avec son père et comprendre ce qui le poussait à repartir sans cesse en la laissant derrière blessée d'être abandonnée une fois de plus malgré sa violence les soirs de biture. Dans un journal qu'elle écrit à l'intention de son conjoint resté à Québec avec son jeune fils, elle nous décrit, un monde d'homme tricoté serré, peuplé de quelques femmes aussi dans des rôles imposés : ménage, cantine, administration, barmaid sauf une seulement, Sonia, qui a su faire sa place au milieu des hommes.
Elle finira par comprendre et écrira vers la fin : « Ça te fera pas plaisir de savoir ça, mais faut que je l'avoue : j'ai pas envie de m'en aller. Je commence à peine à prendre le beat, à goûter au plaisir d'être à l'abri, loin des nouvelles, du ménage, des comptes à payer… du p'tit qui se réveille le matin en pleurant. J'ai pas tenu ma promesse. À mille deux cent kilomètres de vous autres, à vivre la même réalité que mon père, j'aurais pas fait mieux que lui. Je vous ai laissés de côté pis j'en suis venue à trouver ça commode, confortable même. J'en suis venue à le comprendre ».
C'est vrai, sur le chantier les ouvriers sont logés, nourris et blanchis, que le journal arrive avec deux jours de retard. Ils sont encartés et ne peuvent s'éloigner sans risque d'être attrapés par la police du chantier. Trois avertissements et ils sont virés. Drôle de vie : les frictions entre les gens de la Côte-Nord et ceux du Lac Saint-Jean, la frustration des contrema[itres envers les Autochtones qui selon eux ne supportent pas qu'on leur dise comment faire le travail et estiment que tout leur est dû parce que, veut veut pas, ils sont sur leur Terre, la culpabilité d'être éloignés de leur famille même si ils ne sauraient pas vivre autrement. Le travail, dur, exigeant et la bière au retour dans la roulotte.
Tout cela écrit en joual.
Je n'ai pas pu m'empêcher de faire le rapprochement avec le Grand Marin de Catherine Poulain. Deux mondes d'hommes durs à la tâche, dans un milieu hostile et une femme qui le raconte. Mais là où dans le récit de Catherine Poulain on pouvait sentir un souffle épique qui, d'une certaine façon ennoblissait les déchéances, dans celui d'Erika Soucy on ne peut les oublier.
Et cela laisse un goût amer de tristesse.
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