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Critique de VirginieDucay


Avec Filature(s), Jeff Sourdin file une métaphore kafkaïenne et subtile de la réalité de l'écrivain confronté à la relation complexe et tourmentée avec son narrateur, "double fantasmé" tout puissant, voire tyrannique, au fil de déambulations savamment orchestrées dans l'architecture du récit-ville. Réel et fiction, faits et imaginaire, passé et présent se mélangent et se confondent, de détricotage en reconstruction, les images se superposent et l'on "revient sur nos pas pour effacer nos propres traces". Mais qu'advient-il de l'auteur soumis à l'emprise diabolique de sa voix narrative qui lui "vole jusqu'à son âme", réduit à une simple marionnette ballottée dans le grand labyrinthe des mots, invisible, anonyme, et dont le portrait s'affiche partout dans les rues? Quand vivre et écrire sont devenus indissociables, qu'une part de soi enfouie menace de remonter à la surface, "le corps est un, l'esprit multiple et l'imaginaire sans fin. Ne crains rien".
Rien à craindre vraiment? Il est pourtant une diagonale du vide où résonnent les noms d'écrivains "que nul ne connaît, ne fréquente, ne rencontre", hommage poignant aux plumes lumineuses et amies sous des cieux littéraires menaçants. Ceux qui les connaissent les reconnaîtront.
Reste l'écriture, "remède contre la fuite, refuge contre le vide", un fil solide sur lequel avancer, danser parfois, à défaut de reprendre pied dans le réel, qui, comme disait Lacan, est insupportable.
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