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Après avoir dépossédé le clergé du droit divin, Spinoza détrône le roi pour laisser la place à la démocratie et au droit positif.
Mais le changement, s'il doit avoir lieu, doit se faire en douceur au point qu'on pourrait croire un instant à un modèle de monarchie qui ressemblerait à une démocratie couronnée ou encore à un modèle d'aristocratie pérenne. En réalité Spinoza s'ingénie à faire progresser l'idée que les décisions au niveau de l'État doivent toujours être prises en assemblée.
Cependant « On n'ira pas caresser l'illusion qu'il serait possible d'amener la masse, ni les hommes engagés dans les affaires publiques, à vivre d'après la discipline exclusive de la raison. Sinon, l'on rêverait un poétique Age d'or, une fabuleuse histoire ». Ainsi l'institution des assemblées doit être accompagnée d'une démarche systématique de limitation de la puissance de chaque fonctionnaire pour garantir la puissance de tous quel que soit le régime.
L'individu qui ne peut préserver efficacement son être à l'état de nature pourra passer à l'état de société en augmentant sa liberté en définitive dans le meilleur des régimes. Toute l'oeuvre de Spinoza le démontre, il ne fait aucun doute qu'il s'agit de la démocratie même si le dernier chapitre qui lui est consacrée dans le Traité de l'autorité politique reste inachevé. On doit noter malheureusement, comme mot de la fin, que l'ébauche d'institution démocratique exclut directement les femmes du gouvernement.
Le chemin des lumières est décidément long mais toutes les formes de pouvoir qui portent atteinte aux libertés fondamentales des individus ont raison de craindre la révolte de la masse. Les tenants des régimes monarchiques et aristocratiques auront d'ailleurs beaucoup de mal à éviter une fin lamentable.
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A ne pas confondre avec le traité théologico-politique, le traité politique est la dernière oeuvre de Spinoza. Cette dernière reste d'ailleurs inachevée.

Le philosophe commence par revenir sur le droit naturel, qui correspond au droit de chaque être humain de disposer de sa vie comme il l'entend - dans le cadre de ses déterminations - au sens où il pense que les actions qu'il effectue sont bonnes pour lui.

Il s'intéresse ensuite au droit des pouvoirs souverains, ou droit civil, qui englobe le droit naturel sans le détruire, puis à la meilleure condition possible pour un Etat, qu'il soit monarchique, aristocratique ou démocratique. C'est ce dernier point qui reste inachevé.

L'ouvrage combine habilement l'étude de l'homme et de la société tels qu'ils sont (sociologie) et la normativité philosophique du meilleur gouvernement possible (philosophie). Les consignes délivrées par Spinoza sont précises, détaillées et constituent une référence pour qui veut penser le gouvernement des humains.
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Spinoza rédige le Traité politique de 1675 à 1677 alors qu'il est mourant. Dans la continuité du Traité théologico-politique de 1670, cette oeuvre s'en distingue pourtant, notamment du fait de l'évolution de sa conception de la politique.
C'est dans ce contexte qu'il s'interroge sur la multitude et le corps politique. Dès le Traité théologico-politique, la finalité de la politique et de l'État s'incarne, selon lui, dans la liberté. Toutefois, dans ce texte, il s'agit de savoir comment tendre vers cette liberté tout en garantissant la stabilité du corps politique. L'État ne doit pas seulement garantir la paix et la sécurité, mais aussi la liberté. Pour ce faire, Spinoza use d'une méthode réaliste : on doit s'appuyer sur la nature humaine et le fonctionnement réel des États pour maintenir le corps politique et sa stabilité, et non pas sur une conception idéalisée du corps politique.

Dans un premier temps, Spinoza présente les principes fondateurs de l'État (chapitre I à V); puis, il décrit les trois imperia, les trois types d'État que sont la monarchie, l'aristocratie et la démocratie (chapitre VI à XI). Spinoza est décédé en laissant le chapitre XI sur la démocratie inachevé, même s'il a tout de même précisé ce que ce type d'État signifiait selon lui : il est « entièrement absolu » (chapitre XI), c'est la souveraineté que « possède la multitude toute entière ».

La démocratie est en réalité présentée comme un mouvement, une étape vers l'accomplissement de la multitude. L'affirmation de la souveraineté de la multitude, pour Spinoza, c'est son conatus, c'est-à-dire la puissance de tout « étant », son effort naturel pour persévérer, conserver et même augmenter sa puissance d'être. Ainsi, les deux questions centrales que Spinoza développe tout au long de son traité sont le droit naturel des hommes (leur conatus, leur puissance d'exister et d'agir) comme le fondement réel de l'État, de la souveraineté, et le principe de paix et de concorde comme finalité au sein de cet État.
La mort empêche Spinoza de finir ce traité et cela nous manque vraiment. Cette version est issue de la traduction de Bernard Pautrat, le meilleur traducteur français de Spinoza.
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