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Critique de jamiK


Ce livre est un recueil de 12 nouvelles écrites entre 1963 et 1977, donc forcément inégales, variées et partant dans diverses directions. Ce que je reproche souvent aux nouvelles, c'est de n'être que l'émanation d'une seule idée, souvent les personnages ne sont pas très approfondis et en général la fin est attendue et un peu abrupte. Mais je dois avouer que Spinrad s'en sort plutôt bien, avec des chutes originales et un rythme attrayant.

Il y a un élément récurent tout au long de ce livre, les drogues ou autres éléments altérant la conscience, genre hypnose. Seul 3 nouvelles ne font pas appel à ce procédé :
- « Black out », histoire d'apparition d'OVNIs, avec une chute qui nous donne l'envie d'envisager une suite, la plus récente du recueil et, totalement dans l'esprit nouvelle, c'est une référence à l'adaptation radiophonique de « La guerre des mondes » de HG Wells par Orson Wells, une totale réussite.
- « Souvenir de famille » un space opéra qui me laissera sans doute moins de souvenirs, une des moins originales à mon goût, .
- « La beauté de la chose » nouvelle post-apocalyptique qui est dans l'esprit du « continent perdu » en moins approfondi et moins réussi. Ici aussi les Etats Unis sont dans un état de délabrement, et les japonnais viennent racheter les monuments.

Ensuite il y a des nouvelles ou les drogues ou autres paradis artificiels sont les éléments centraux de l'histoire :
- « Subjectivité » ou on envoie une expédition interplanétaire composée de camés,
- « Les anges du cancer », il a osé écrire un récit plutôt humoristique sur le cancer,
- « Le grand flash », là il s'agit plutôt d'hypnose, et de Rock...
- « Nulle part où aller » peut-être la plus camée des histoires, au début j'ai été un peu agacé par ce récit qui est presque un véritable catalogue de substances hallucinogènes et autres, mais la chute m'a scotché,
- « l'herbe du temps », une herbe a été ramenée d'une autre planète, ses effets altèrent la conception du temps, le temps est alors perçu dans sa globalité, « Le langage est inadéquat. Ce que je vous ai révélé est une semi-vérité inévitable. Tous les actes que j'accomplis durant mon existence de cent dix ans se produisent simultanément. Mais même cela ne donne qu'une faible idée de la vérité, car « simultanément » veut dire « en même temps » et le « temps » tel que vous le concevez n'a aucun rapport avec ma vie. ». Sans doute ma préférée, ici Spinrad essaie d'avoir une perception différente de ce qu'il nous est possible de concevoir, ce n'est pas sans rappeler « Abattoir 5 » de Kurt Vonnegut que j'ai adoré.
- « Tous les sons de l'arc en ciel », ici aussi Spinrad s'essai à concevoir une perception différente en mélangeant les sens (écouter les images, sentir les sons etc...), on est plutôt dans quelque chose qui s'apparenterait à de l'hypnose, ce n'est pas un récit d'anticipation, une histoire vraiment originale, une perception expérimentale qui vaut le détour.

Il y a une nouvelle un peu à part :
- « Le dernier hurrah de la horde d'or », c'est plus un délire du genre « Le livre sans nom » de Anonyme, mais je l'ai trouvée trop désordonnée, fouillis, un délire que j'ai eu du mal à suivre. J'ai eu l'impression ici que la drogue, c'était Spinrad qui l'avait consommée. Seule véritable déception du recueil.

Et enfin, la nouvelle la plus longue, c'est plutôt même un roman court
- « Le continent perdu » : XIIIe siècle, les Etats-Unis sont un pays dévasté par la pollution, appauvri, dépeuplé, contraint de tirer ses revenus du tourisme. Un groupe d'africains va visiter le New-York dévasté. A travers cette ambiance post-apocalyptique, lourde, Spinrad va toucher toute une série de questionnements sur notre propre société, le racisme, en le retournant des africains contre les blancs américains, la pollution, l'évolution des civilisations, la décadence de la société et des individus... Les descriptions, dans un aussi court roman, sont d'une précision et d'une efficacité tout en restant concises et limités à l'essentiel, ce qui rend le propos plus direct et son effet plus efficace. On visualise vraiment bien le New York dévasté.
La brièveté de cette histoire n'empêche pas la complexité des sentiments à la lecture et nous atteint par la force de son impact.

Dans l'ensemble, c'est un recueil de nouvelles de bonne tenue, avec même de très bons moments comme « Le continent perdu », « L'herbe du temps », « Black out ».
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