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Critique de PetiteBichette


Pas une mince affaire ce livre de 600 pages, mais attention, écrites en tout petit ! et qui ne se lisent pas très vite …. Un vrai cauchemar même ces 300 premières pages, après plus de 2 semaines, j'ai jeté l'éponge, le bébé et l'eau du bain … Finalement, prise de remords, j'ai quand même gardé le bébé et l'ai mis bien au chaud pendant une dizaine de jours. Bah oui, j'avais d'autres lectures sur le feu moi, et je n'avais pas envie de payer des amendes de retard à la médiathèque... tout ça pour un obscur (enfin ténébreux) écrivain islandais. Bref, quand j'ai repris le bébé, il avait finalement bien grandi tout seul, et on a repris notre conversation là où on l'avait laissée…
Cette pause a été bénéfique car les 300 pages suivantes sont passées assez facilement, le recul m'a permis de me mieux cerner ce livre déroutant par sa structure narrative. Comme une voix-off, un narrateur retrace une saga familiale sur plus d'un siècle mais d'une façon complétement désordonnée ; on réalise des allers-retours incessants entre les époques, les personnages, et ce fameux narrateur est également une énigme en lui-même puisqu'il nous avoue dès le début avoir perdu la mémoire et ne plus savoir qui il est. L'auteur n'est pas là pour nous faciliter la tâche, vous voilà prévenus …
Si je m'étais arrêtée aux 300 premières pages et écrit mon ressenti à chaud, j'aurais été en colère avec l'impression très nette de m'être fait duper par l'auteur avec des histoires sans queue ni tête qui se superposent, avec des personnages qui portent de surcroît des noms à coucher dehors (en tout cas, je n'en donnerai pas à un seul au bébé) et à moins de prendre des notes, il est difficile au début de s'y retrouver (et je n'aime pas prendre des notes quand je lis).
Au niveau du style, je n'ai pas été vraiment séduite par les nombreux passages dans lesquels l'auteur malaxe une même idée dans tous les sens et nous la ressert sur plusieurs paragraphes (ça m'a donné l'impression qu'il prenait ses lecteurs pour des idiots), parfois sans même de faire l'effort d'une périphrase, en faisant juste un copier/coller ! (la périphrase semble fatiguer legrandécrivain). de même, l'utilisation du mot ténèbres à toutes les sauces dans les 300 premières pages m'a insupporté. C'est même devenu une sorte de jeu dans lequel je guettais la nouvelle occurrence du mot dès une nouvelle page tournée.
Si le début a été plus que douloureux, et a frisé l'abandon, la deuxième partie finit par prendre sens. L'histoire de Gudridur m'a aidée à tenir le coup, c'est celle dont j'ai le plus aimé l'atmosphère, les descriptions de l'époque et des relation hommes-femmes. J'aurais eu un vrai coup de coeur pour ce livre si la seule histoire contée avait été celle de Gudridur.
L'ouvrage a par ailleurs de nombreuses qualités ; Jón Kalman Stefánsson nous livre la vie très dure de fermiers islandais, perdus dans leur fjord sur un bout de lande, luttant sans cesse pour leur pauvre survie. Leurs amours, leurs conditions de vie sont magnifiquement décrites. La mise en abyme avec ce narrateur en surplomb qui écrit l'histoire s'avère finalement assez intéressante, alors qu'elle m'avait déroutée et agacée au début.
Un livre original, étrange, complexe, qui ne m'a pas complètement convaincue et aurait gagné en force à être plus simple. Sans être forcément chronologique, il aurait été plus lisible en se centrant sur quelques personnages. Des passages sont bouleversants, profonds, et je me suis régalée dans la pêche aux citations, mais la puissance du récit se dilue dans les redites, les digressions et les innombrables personnages secondaires sans grand intérêt surtout dans les 300 premières pages.
Je dirais qu'il faut prendre son temps pour apprécier cette lecture, la laisser infuser, la reprendre, et, là, peut-être, le charme opérera, vous transportera en terre islandaise avec l'envie de l'apprivoiser …
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