Le cimetière est manifestement plus vieux que l'église car les tombes les plus anciennes ne sont plus que de grosses mottes d'herbes anonymes sous lesquelles reposent des gens oubliés depuis longtemps, cette herbe verte attrape les rayons du soleil et les leur envoie au fond des ténèbres. Peut-être est-ce quelque part une consolation.
La vie a tendance à ralentir en l'absence totale de vent, elle tient à profiter du moment, à s'en imbiber. A se gorger de ce fjord où la surface de la mer est si lisse qu'elle se change en miroir et que les ceintures rocheuses des montagnes s'adoucissent comme si leur fureur n'était plus qu'un songe lointain. Les montagnes réfléchissent en siècles et c'est quand il n'y pas un souffle d'air ou lorsque la tempête se déchaîne qu'on perçoit le mieux la manière dont elles pensent.
Même en plein soleil, nous habitons en nous des vallées de ténèbres.
(…) les morts nous suivent toujours. À la fois ténèbres et lumière, consolation et reproches.
C’est une loi fondamentale. Vos gènes charrient vos émotions, souvenirs, expériences et traumatismes d’une vie à une autre, et dans ce sens, certains d’entre nous sont vivants longtemps après leur disparition, y compris lorsqu’ils ont sombré dans l’oubli. Nous portons perpétuellement en nous le passé, continent invisible et mystérieux qui affleure parfois, quelque part entre le sommeil et la veille. Un continent dont les montagnes et les océans influent en permanence sur les couleurs du temps et les chatoiements de lumière que nous abritons.
Nous ne voyons et ne comprenons cependant bien souvent les événements de nos vies qu’une fois qu’ils sont entièrement révolus, lorsque leur enchaînement est arrivé à son terme (…).
Il me semble capital que les gens reconnaissent l’importance de l’infime, qu’ ils comprennent que toute chose compte à égalité, les femmes autant que les hommes, les vers de terre autant que les rois. Et qu’il n’est rien de grand si ce n’est la vie elle-même.
L'amour a été pour moi tel un arc-en-ciel scintillant sous mes yeux, mais qui s'éloignait chaque fois que j'essayais de m'en approcher.
On a le droit d’être nostalgique, mais il faut se garder d’oublier de vivre.
(…) ceux qui doutent et veulent envisager l’existence sous tous ses angles se réfugient dans la littérature.