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Critique de SagnesSy


Lyman Ward, historien, 58 ans, handicapé et plein d'amertume, retrace en 1970 la vie de ses grands-parents paternels. Oliver Ward et Susan Burling étaient on ne peut plus différents; ils se sont pourtant aimés, et ont à leur façon participé à la conquête de l'Ouest américain.
Susan était une artiste, illustratrice, écrivaine, quaker gentiment snob et victorienne jusqu'au bout des ongles. Oliver était un scientifique, sérieux, mutique, intelligent mais non brillant, fiable à 200 % et très démuni face aux relations humaines.
La naissance de leur amour m'a fait rêver : Alors qu'elle est à plat-ventre sur un précipice pour contempler une chute d'eau, il lui tient les chevilles pour l'assurer; quand elle se relève, elle est amoureuse.
Elle le suivra dans des endroits impossibles, bravera la misère, la honte, le malheur, perdra ses amis, son côté frivole, aura honte de lui et honte d'avoir honte, mais jamais ne cessera de l'aimer.
Lui, pourtant, ne saura pardonner sa seule et terrible erreur : ils finiront leur vie ensemble, mais étrangers.
En une économie de mots juste parfaite, Wallace Stegner nous déroule toute la complexité de la nature humaine, qui ne change jamais, quelle que soit son époque.
On trouve dans ce roman une profonde réflexion sur l'amour, sur toutes les formes d'amour, et le point de vue du petit-fils historien nous serre souvent la gorge.
On trouve aussi différents styles de narration, entre les lettres de Susan et le quotidien des années 1970.
On trouve encore une belle interrogation sur la magnanimité, notion plus ardue qu'il n'y parait.
Enfin un dénouement mystérieux, aux deux époques, de petits pièges dans lesquels on tombe à pieds joints, pour se frapper après devant tant de naïveté.
Dans la droite lignée d'Autant en emporte le vent, avec la même puissance romanesque, le même souffle intemporel et la capacité de nous soustraire au monde réel.

Quelques mots d Hubert Nyssen dans ses merveilleux carnets : « J'achève la lecture infiniment jouissive et délibérément lente des 700 pages d'Angle d'équilibre au moment où Christine commence à lire dans sa version orginale – Angle of Repose – ce roman de Wallace Stegner qui reçut le prix Pulitzer en 1972. Mais pourquoi, bon dieu – cela m'obsède – jamais un article, jamais une voix avant celle de Frédérique, n'avaient attiré mon attention sur cet auteur considérable qui est de la génération de mon père (du coup, extravagances de l'imagination…) et qui est mort en 1993 d'un accident d'automobile, comme Camus, comme Sebald ? Quand Christine sera suffisamment avancée dans sa lecture, je la harcèlerai de questions sur le style car les traductions d'Eric Chédaille (évidemment, son nom ne figure pas sur la couverture du livre !) en font voir la surprenante richesse, et nous ne sommes plus au temps où l'on traduisait Dostoïevski comme s'il avait écrit à la manière De Chateaubriand. Dans le style de la traduction de Chedaille, je sens, pressens et espère celui de Stegner. »
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