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Critique de michfred


"Des souris et des hommes", comme son titre semble le suggérer, est une fable. Une fable où cette fois ce ne sont pas les animaux qui figurent des hommes, mais l'inverse.

George et Lenny sont potes, George et Lennie sont ouvriers agricoles, George et Lennie cherchent à louer leurs bras dans les fermes des environs de Salinas. Ils ne rechignent pas à la peine, à condition qu'on ne les sépare pas. Car George et Lennie sont inséparables: George, petit, sec, noueux, intelligent ,protège Lennie, énorme colosse à l'âme d'enfant doté d'une force herculéenne...et irrépressible, comme l'instinct d'un fauve.

George c'est le renard qui devine le danger, qui flaire les coups fourrés, qui ruse avec les patrons brutaux, George c'est une mère louve pour Lennie, qu'il défend contre la méchanceté du monde, et protège de lui-même avec une attention inquiète.... car Lennie, c'est l'ours avec sa patte dangereuse et sa griffe mortelle, c'est le singe, aussi, qui imite George de façon dérisoire et touchante, c'est le chien couchant qui obéit à George au doigt et à l’œil..

Lennie sans George c'est une bête sauvage sans son dompteur, un chien mordant sans sa muselière. C'est la Force sans la Justice, dirait Pascal, c'est surtout la Force brutale, animale, sans l’intelligence pour la diriger, la modérer, la canaliser. Un enfant sauvage perdu dans la jungle des hommes dits civilisés.

Quant à George sans Lennie..il en rêve parfois... c'est si encombrant, une bête fauve apprivoisée: on en est responsable, et c'est lourd. Seul, ce serait tellement plus facile...

Mais voilà: impossible, ils sont potes, et Lennie compte tellement sur lui...

Toute la fable est là: dans cette amitié animale et virile, dans cet amour aveugle comme l'attachement d'une bête à son maître- celui de Lennie pour George - ou lucide comme l'amour d'une mère pour son enfant monstrueux- celui de George pour Lennie.

Mais l'amitié idéale de deux êtres aussi dissemblables est aussi fragile et dérisoire, dans la réalité cruelle de l'existence, que le sont pour l’œil de Dieu, les projets des souris et des hommes...

De cette citation biblique, Steinbeck a seulement retenu la fin "of mice and men" ..à nous de trouver, dans ce récit bouleversant et terrible, toutes les moralités de l'apologue...

Et il y a toutes sortes de souris et toutes les sortes d'hommes dans "Des souris et des hommes"



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