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Critique de Renatan


Que peut-on faire d'une maison - et à plus forte raison de deux - quand, depuis son enfance, on préfère dormir à la belle étoile ?
 
De retour de la guerre, Danny s'installe dans sa patrie natale, Tortilla Flat. Ce petit village pauvre et miséreux est situé au sommet de la colline qui surplombe Monterey, aux abords de la côte californienne. Les paisanos y vivent au jour le jour, dans le tourment du lendemain. Ils vivent du temps qui s'écoule, sous une chaleur accablante, le ventre tordu par la faim. Ils vivent de l'ivresse procurée par un gallon de vin, celui qui fait oublier. Ils tentent d'amasser quelques sous, volent, se nourrissent de ragots, mendient. Ici, c'est chacun pour soi, on vit d'isolement et de solitude, de cette nonchalance propre à tous désespoirs. Les paisanos sont confrontés à la grande dépression. Jusqu'au jour où Danny, sans s'y attendre, reçoit deux maisons en héritage.
 
Dans tout le village, la nouvelle se répand comme une traînée de poudre. C'est ainsi qu'il « loue » à son ami Pilon, par charité et fort de son sentiment de générosité, l'une de ses maisons. Louer est un grand mot, son locataire est sans le sou et s'impose plutôt qu'il n'y est invité. Mais tout cela importe peu à Danny, puisqu'il se sent moins seul. Et c'est à ce moment de l'histoire qu'a lieu l'effet boule de neige. Rien n'est trop beau quand notre générosité passe par la charité d'autrui… Pilon invite Pablo, puis Jesus-Maria, et Pirate et puis Big Joe et puis et puis… Une meute d'assoiffés qui entravent définitivement la liberté et le bonheur de l'hôte et qui lui font regretter amèrement le temps où il vivait dans les bois l'été et dans le foin chaud l'hiver. le poids de la richesse et sa condition sociale le rendent malheureux, sa vie ne lui appartient plus. Il perd confiance en ses amis, craque, et un beau matin, il laisse tout tomber pour revenir à sa vie de paisano. Et c'est le retour à la liberté.
 
Les personnages sont astucieux, manipulateurs, futés et menteurs. Pour s'acquitter de leurs « dettes », ils s'assurent que Danny ait toujours du pain sur la table et une goutte d'alcool dans le gosier. Promesse qu'ils honorent avec le souhait qu'il l'oubliât, « car sinon ce serait de l'esclavage » ! Que de sentiments partagés entre le vice et la vertu. Steinbeck m'a arraché des fous rires avec ces situations complètement risibles. Et, de ces situations, il y en a bien d'autres. Je découvre l'auteur avec un humour que je lui reconnais pour la première fois. Et, si sont mis en valeur l'égoïsme, l'avarice et les sentiments pourvus d'un altruisme intéressé, il n'en demeure pas moins que ce roman, au final, est une grande histoire d'amitié, d'entraide et de partage. Charité bien ordonnée commence par soi-même ? Pilon et sa bande de soûlards en ont fait leur leitmotiv…
 
« Je vais tout te raconter, poursuivit Jesus-Maria. J'ai acheté deux gallons de vin et je les ai apportés ici dans le bois, puis je suis allé me promener avec Arabella Gross. J'avais acheté pour elle, à Monterey, une paire de pantalons de soie. Elle les a beaucoup aimés, si roses, si doux. Et puis, je lui ai aussi acheté une petite bouteille de whisky. Un peu plus tard, elle a rencontré des soldats et elle est partie avec eux.
 
-Oh ! la détrousseuse de l'honnête homme ! s'écria Pilon, scandalisé»
Lien : http://www.lamarreedesmots.c..
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