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Critique de jeandubus


Le poil de la bête.
En premier lieu je recommande aux lecteurs sujets à l'arthrite, ou à une quelconque déficience musculaire des membres supérieurs ou abdominale d'attendre la version poche de ce live qui pèse un âne mort. le temps de lecture étant particulièrement long, il est conseillé d'avoir recours au marque page dès l'apparition des premiers fourmillements dans les doigts.

Cela dit ce roman policier possède tous les ingrédients d'un roman policier, à savoir des victimes des assassins, des inspecteurs de police, un détective privé, des gens qui restent vivants aussi. Notons également une très belle couverture avec des citrons, un vaporisateur de parfum et des taches.

L'intrigue est cohérente, malgré les artifices (changements de narrateur, découpage en chapitres improbables, citations de Wittgenstein sans lien (ou si ténu) avec l'histoire. Bien ficelée les faits se passent essentiellement à Vienne que l'auteur n'apprécie pas beaucoup. Si ce dernier est autrichien, il est né en Australie et chacun sait que l'Australie est très loin en toutes choses de l'Autriche, avec son architecture et ses gâteaux. Aussi se plaint-il par le truchement de ses personnages d'un état de pesanteur et de balourdise prédominant dans cette capitale dont même l'aéroport semble rescapé sans dommage du dernier conflit mondial.

Là où le roman s'échappe du classicisme c'est que les personnages n'agissent pas conformément à leur rôle. Peut-être un peu au début un assassin tue-t-il une victime mais c'est jugé accessoire et pardonnable et donc chacun agit selon sa morale propre pour mieux assurer sa continuité vitale. Personne n'est coupable, personne n'ira en prison, personne ne contrôle personne, seuls les morts sont morts, encore que… L'auteur s'amuse, et les échanges verbaux tournent souvent à la dérision. Un mélange du théâtre de Prévert ( de mémoire : Piquemouvoche , pas Michevoupoque , on n'a qu'un nom et on y tient…) et de Beckett dégraissé par Ionesco. Un peu vieillot tout de même ces références (j'oubliais Anouilh…) qui provoque des ricanements édentés.

Chaque page est donc pesante de mots et c'est inutile d'en tenter la lecture accélérée vous êtes acculés au repli. Comme c'est effrayant de se satisfaire d'avoir passé les cent premières ou de jeter un oeil sur le numéro de la dernière (642) pour se rassurer (plus que 130) alors que votre poignet émet un craquement inquiétant.

On finit ce livre comme on remonte de la mine, épuisé, avec un dernier trait
« pour ceux qui veulent absolument tout savoir ».

Ne vous découragez pas car on retombe (lourdement) sur ses pieds, fatigués mais satisfaits deux fois (d'avoir compris et d'avoir fini).
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