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Critique de latina


« Vos enfants sont des dérodymes, un ypsiloïde ».
Qui aurait envie d'entendre cela à la naissance de ses jumeaux ? Personne.


Et pourtant, Lisa et Mario Cotti vont devoir accepter envers et contre tout ces êtres curieux que sont les frères siamois unis par le tronc donc partageant le même sexe et les mêmes jambes.
Envers et contre tout ? Plutôt avec. Car Mario Cotti se rend vite compte qu'il pourra tirer profit de ces « monstres », ces « erreurs de la nature » comme on les appelle à l'époque, fin du 19e siècle.
Et de les trimbaler de villes en villes pour les exhiber aux médecins curieux mais aussi à la foule des anonymes dégoûtés ou avides de sensations fortes.
En grandissant, les jumeaux se rendent jusqu'aux Etats-Unis où ils rencontrent d'autres « freaks » dont ce pays est friand.
Puis ils se lassent de cette perpétuelle exposition malsaine, continuent et finissent leur vie dans la campagne vénitienne, en compagnie de deux femmes très accortes qui deviendront...leurs épouses respectives. Ils mourront dans la soixantaine.


Je vous raconte tout cela, y compris la fin, car c'est une histoire vraie !
Marie-Eve Sténuit, auteur belge dont c'est le premier « roman », s'est bien renseignée sur les frères Tocci et sur leur environnement et a retranscrit de manière personnelle tout ce qu'elle a lu. Des positions des différents médecins à celles de l'Eglise à travers les âges en passant par les réactions juridiques, familiales et publiques, tout est consciencieusement réécrit (même Mark Twain apparait ici, et c'est vrai qu'il a écrit une nouvelle intitulée « Those extraordinary twins »).


C'est cela, en fait, qui m'a profondément déçue, car j'ai eu l'impression de lire quelque chose de peu profond. Il s'agit de faits. Il s'agit aussi d'émotions, mais celles-ci sont racontées à l'aide d'un ton, comment vais-je dire, irrévérencieux, badin, peu adapté me semble-t-il à la situation. La narration n'est en rien focalisée sur une seule personne, ce qui fait qu'on ne s'attache guère à ...personne.

Il ne reste que le thème qui m'est apparu intéressant, et surtout la moralité que l'on peut en tirer : que l'on soit laid, difforme, monstrueux, l'âme cachée au fond de cette gangue est humaine et par là ne devrait s'attirer que considération bienveillante. Or, la curiosité cruelle de tout un chacun face à ce qui est différent de soi ainsi que la cupidité entrainent souvent bien des souffrances. Certains « monstres » s'y adaptent, d'autres en meurent.

Les frères Cotti/Tocci – selon M.E. Sténuit – l'ont acceptée.

Si vous êtes intéressés par ce thème hors du commun, je vous conseille « Les filles » de Lori Lansens,qui me parait paradoxalement beaucoup plus humain.
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