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Critique de PrettyYoungCat


Bryan Stevenson est un jeune avocat plein d'humanité et de compassion qui met sur pied une association bénévole : l'EJI (l'Initiative pour une Justice égalitaire) afin de venir en aide aux condamnés dont les peines sont injustes.

En effet, le système judiciaire américain, en particulier dans certains États (notamment du Sud) fait froid dans le dos.
Les dés sont souvent pipés d'avance :
entre le jury dont on exclut volontairement toute diversité raciale pour juger les Noirs créant par là une partialité teintée de racisme ;
les accointances entre procureur, juge et shérif pour dissimuler des preuves à décharge à la défense;
les jugements qui ne se basent que sur des aveux versatiles d'un tiers sur lequel on fait pression pour maintenir les accusations contre l'innocent désigné coupable idéal;
mais aussi le juge zélé qui commue la peine prononcée par un jury d'incarcération à vie à peine de mort...

Mais au-delà de ces terribles injustices, il en est de pires encore :
des enfants (de 12, 13 ou 14 ans) sont incarcérés à vie sans possibilité de remise de peine pour des faits qui ne relèvent même pas d'homicide,
des handicapés mentaux qui se retrouvent dans le couloir de la mort
ou encore des innocents qu'on exécute ou qui moisissent depuis de longues années dans l'attente de leur exécution qu'ils portent comme une double peine puisqu'ils ignorent quand le couperet tombera...

Bryan Stevenson nous raconte ainsi l'histoire de Walter McMillian, un Noir (les Noirs et les Latinos américains sont en effet plus souvent qu'à leur tour victimes d'injustice sur le plan judiciaire) injustement accusé, condamné à la peine capitale et de tous ceux pour lesquels il s'est battu avec un dévouement hors du commun, y consacrant toute sa vie.
Le récit sur l'histoire de Walter s'entrecoupe de tous ces "cas" désespérés et désespérants d'injustice.
On est souvent touchés par ces personnes, pas seulement par leur sort en prison qui est souvent totalement destructeur : par la violence (sexuelle entre autres), par l'isolement, par la démence qui les saisit parfois comme après un traumatisme.
Nous sommes aussi émus par ces personnes de par leurs fêlures, souvent nombreuses, souvent terribles, d'un passé familial propice à la dérive...
Il n'est pas question ici de dédouaner quiconque de ses crimes, l'auteur n'y cède jamais. Par contre, à juste titre, il se bat pour que la justice contextualise un individu et ne le réduise pas strictement à un acte.

C'est un beau livre, tout est vrai. Et c'est ça qui nous le rend intéressant et émouvant. C'est une sorte de témoignage documentaire qui ne se lit donc pas comme on lit un roman, mais que je suis contente d'avoir lu pour ce qu'il m'a appris et pour l'humanité et la compassion qu'il recèle. Car Bryan Stevenson s'aperçoit que ce qui lui tient tant à coeur, ce qui le réunit à tous ces êtres et à leur destin brisé, ce sont ces fêlures. Ces mêmes fêlures que nous portons tous, chacun à notre manière, chacun avec leur intensité propre, qui développent en nous la compassion. C'est notre vulnérabilité qui nous rend humain, la nôtre d'abord, puis celle que nous voyons en l'autre et qui nous fait lui tendre la main.

A noter que ce livre a été porté à l'écran dans le film "La voie de la justice" qui parait il est très beau.
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