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Critique de Thrinecis


L'histoire débute aux Marquises avec le récit de Loudon Lodd mais va très vite nous entraîner dans un tour du monde qui démarre en Europe pour se poursuivre aux Etats-Unis, aux îles d'Hawaii, en Australie pour revenir en Europe, aux Etats-Unis encore et pour finir aux Marquises.

Loudon Lodd, fils d'un riche bourgeois anglais, ne manifeste guère de goût pour les affaires auxquelles son père souhaite le former, et adopte un style de vie dissipé. Fils ingrat, Loudon préfère mener une vie d'artiste à Paris puis à Barbizon, dilapidant la fortune de son paternel et ne produisant que des sculptures médiocres qui ne se vendent pas.
Mais quand son père décède, ruiné par de mauvais placements, Loudon est obligé de changer de vie : il rejoint son ami Jim à San Francisco et se lance avec lui dans le montage de petites affaires - pour ne pas dire arnaques - qui leur rapportent gros.
Un jour, l'épave d'un navire naufragé dans les mers du Sud est mise aux enchères. Flairant la bonne affaire, escomptant déjà revendre tout ou partie de l'épave, les deux amis décident de l'acquérir à peu de frais. Mais très vite, les enchères s'envolent suscitant d'abord l'incompréhension des parties prenantes puis les hypothèses les plus folles : que contient la cargaison du Flying Scud ? Quel mystère entoure le naufrage de cette goélette ? S'endettant au maximum, Loudon et Jim réussissent à l'acquérir et à monter une expédition pour se rendre sur les lieux du naufrage. Mais très vite, les mystères s'accumulent : qui est l'homme qui a voulu acquérir à tout prix cette épave, surenchérissant au delà du raisonnable ? Pourquoi le capitaine rescapé du naufrage semblait terrorisé à l'idée que Jim et Loudon rachètent l'épave ? Pourquoi les cinq rescapés se sont-ils aussi vite évanouis dans la nature ?
Loudon ne découvrira la vérité qu'au terme d'une longue quête, parsemée de substitution d'identités, qui le mènera au dénouement horrifique de ce naufrage.

Nourri des souvenirs de sa propre vie dissolue quand il était étudiant à Edimbourg, des expériences vécues à Barbizon ou San Francisco, des fascinants et terrifiants récits de naufrages racontés par des marins rescapés, Robert Louis Stevenson n'a pas seulement écrit un roman d'aventures comme L'île au trésor mais un roman protéiforme qui débute comme un roman de moeurs et qui, par des mises en abyme successives, se transforme en récit d'aventures maritimes, puis en roman d'enquête, pour revenir à son point de départ.

Le style est absolument magnifique, plutôt lent au début mais s'accélérant quand on arrive à San Francisco, avec des envolées superbes comme la description de la mise à sac du Flying Scud ou de la tempête essuyée au large de Midway. La traduction récente (2005) d'Eric Chédaille est superbe et rend hommage à la plume de Stevenson avec toute la richesse et la beauté d'un vocabulaire du 19ème siècle que nous avons perdu en partie.

Mais quelle lecture exigeante ! Après 180 pages où l'on suit lentement et avec une impatience grandissante les pérégrinations peu passionnantes de Loudon, la récompense est enfin là : on parle enfin du naufrage du Flying Scud et l'aventure commence ! Il faut donc s'accrocher pendant plus d'un tiers du livre pour mériter enfin la grande aventure dans les mers du Sud. Après, on est happé par les différents rebondissements de l'intrigue et le roman se dévore jusqu'au bout.

Challenge XIXème siècle
Challenge multi-défis 2020
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