AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de raton-liseur


Ce court roman de Stevenson s'ouvre sur l'image d'un jeune garçon qui vit près d'une route où passe quantité de voyageurs et qui se prend à rêver. Tout de suite j'en ai imaginé la suite, sachant pertinemment où allait me mener la plume de cet écrivain aux pieds souvent en mouvement, toujours à la recherche d'un ailleurs, que ce soit sur les routes des Cévennes ou sur le pont d'un navire à destination du Pacifique.
Et pourtant non, l'histoire suit un tout autre cours et se développe peu à peu comme un conte aux accents confucianistes (si je me permets ce parallèle que Stevenson ne cautionnerait peut-être pas), remplaçant l'impatience et la soif de connaître par le renoncement et l'acceptation. Même l'amour ne sera pour Will qu'un égarement passager, avant qu'il ne l'amène à comprendre qu'il vaut mieux espérer que posséder, être dans l'expectative plutôt que de vivre.
Savoir se contenter de son petit coin de pays parce que l'on sait qu'il est vain de vouloir explorer le monde, car jamais on ne connaîtra tout. Se contenter de peu parce que l'on ne peut avoir tout. C'est une philosophie que je ne partage pas, même s'il est vain d'espérer tout connaitre, pourquoi ne pas chercher à connaitre un peu, mais c'est une philosophie qui me fait réfléchir, une réflexion sur la vanité des choses et de la vie, vanité au sens de futilité plutôt qu'au sens d'orgueil.
Il est étrange de s'apercevoir que ce roman est peu de temps avant qu'il commence son Voyage avec un âne dans les Cévennes, périple de quelques semaines qui inaugure presque le tourisme de randonnée et dans lequel Stevenson adopte une attitude tout à fait contraire à celle de son personnage Will. Je ne sais ce qu'il faut conclure de cette concomitance de dates, que Stevenson a changé d'avis, qu'il cherchait à se convaincre des bienfaits de l'immobilité et qu'il n'y a pas réussi. J'aurais presque cru que ce roman était une oeuvre de la maturité, d'un voyageur désabusé, mais c'est le contraire, c'est l'oeuvre d'un homme qui demain prendra son bâton pour ne plus le poser que rarement, toujours tendu vers un ailleurs, dont on ne saura s'il l'a satisfait. Une réflexion qui jette une lumière étrange sur ce livre, qui, bien qu'il me semble atypique dans ce que je connais de l'oeuvre de Stevenson, vaut un arrêt et une petite méditation sur les vicissitudes de la vie et des chemins qu'elle emprunte.
Commenter  J’apprécie          20



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}