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Critique de Luniver


La mondialisation ne fait plus rêver : ses promesses de prospérité et de bonheur universels se sont cassées les dents sur la réalité. Elle n'a pas éradiqué la pauvreté (les inégalités se creusent), elle semble incapable de gérer le problème climatique, et elle n'apporte même pas une stabilité dans l'économie mondiale.

Parmi les responsables de cet échec, Joseph Stiglitz pointe particulièrement du doigt le FMI. Créé à l'origine pour pallier à des faiblesses temporaires dans les marchés financiers, ce dernier se serait transformé en champion du néo-libéralisme, exigeant, pour délivrer ses aides, que les pays en difficulté privatisent leurs biens publics, éliminent les frais de douane et les prix fixes, ouvrent tous les marchés à la concurrence étrangère.

Pour l'auteur, il y a d'énormes problèmes dans cette approche :
– les économistes du FMI appliquent des solutions qui fonctionnent très bien en théorie, mais qui n'ont jamais de résultats probants en pratique. Il n'y aurait cependant aucune remise en cause, tous les problèmes étant mis sur le dos de la mauvaise volonté et/ou de la corruption des pays aidés.
– pas d'approche personnalisée : les mêmes solutions sont appliquées à tous les pays, quelles que soient leurs particularités économiques, culturelles ou sociales. L'idée étant qu'à long terme, ces solutions donneront les meilleurs résultats. L'auteur pointe cependant qu'à court et moyen terme, elles peuvent provoquer crises économiques, chômage de masse et famines, et que les populations n'accepteront pas longtemps de vivre dans de telles situations.
– une énorme hypocrisie. Les pays les plus riches n'appliquent pas les mesures qu'ils imposent aux pays en difficulté : les USA protègent leur industrie de l'aluminium, l'UE son agriculture, etc. mais les pays qui demandent l'aide du FMI doivent tout ouvrir sans restriction.
– contrairement à d'autres institutions internationales dans lesquelles on a le système 1 pays = 1 voix, dans les votes du FMI, chaque pays reçoit une voix pondérée par sa quote-part dans le financement de l'institution. Les pays riches font donc souvent pression pour obtenir des solutions qui protègent leurs propres banques et intérêts, quitte à devoir essorer la population du pays demandeur pour éponger les dettes. le rôle de « médiateur mondial » est remis en question et le FMI est plutôt perçu comme un instrument d'oppression des grandes puissances.

À l'inverse, l'auteur propose des solutions plus pragmatiques, en concertation avec les pays en difficulté plutôt qu'imposées par la force ou le chantage, et surtout plus graduelles : aucun pays n'est devenu libéral d'un seul coup de baguette magique, les transformations qui doivent s'opérer dans les sociétés prennent parfois des siècles.

Difficile de juger les critiques et les solutions proposées quand on n'est pas économiste soi-même : après tout, voir du pragmatisme raisonnable chez soi et du dogmatisme borné chez les adversaires est un lieu commun dans toutes les luttes politiques. Joseph Stiglitz ne remet pas en cause le mondialisme, qu'il juge inévitable, et positif si correctement appliqué : il suffit de laisser les pays y venir d'eux-mêmes par la manière douce.
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