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Critique de MadameTapioca


« le livre de Daniel » est l'enquête menée par Chris de Stoop sur la mort de son oncle, 84 ans, assassiné par des jeunes gens désoeuvrés dans sa ferme délabrée des Maroy.
La mort violente d'un vieil homme qui avait décidé de se mettre en retrait de la société pourrait n'être qu'un fait divers. Mais l'auteur en fait autre chose. Tout en rendant hommage à Daniel, il cherche à comprendre les tueurs.

Le crâne dégarni, la barbe hirsute, Daniel est un peu l'ermite du village. C'est un homme sans histoire… mais qu'est-ce que ça veut dire. Il y a toujours une histoire, une famille, une vie derrière chaque personne. L'auteur raconte tout ce qui a fait Daniel Maroy. Ses parents dont il s'occupera jusqu'à leur mort, son frère épileptique dont il va aussi prendre soin jusqu'au bout, la femme qu'il n'épousera jamais. Pas de télé, pas d'internet, pas de voiture et surtout pas d'argent à la banque.
Un homme bon, une vie simple, retirée de la frénésie contemporaine, juste s'occuper correctement de ses vaches et de ses souvenirs.
Pourtant il fut un temps où Daniel était un homme jovial et sociable. C'était avant. Avant qu'il doive se séparer d'une partie de ses terres, avant qu'Yvette ne lui dise non…

Et ses jeunes qui sont-ils ? Comment ont-ils pu commettre l'irréparable sans se rendre compte de leur cruauté ? Certains viennent du même village que Daniel, d'autres de Roubaix, la ville la plus pauvre de France. C'est une jeunesse égarée, qui cherche sa place et ne voit la vie qu'à travers le prisme de l'argent. L'argent pour s'acheter des fringues de marque, des smartphones, l'argent pour être quelqu'un. Pour eux « le vieux crasseux » n'est pas vraiment un homme.

Ce récit sobre ne verse jamais dans le sensationnel mais je l'ai trouvé très émouvant. A travers ce fait divers, l'auteur aborde des problématiques très contemporaines comme la perte de repère de certains jeunes. Il nous parle surtout des petits agriculteurs à la merci des banques, des mutations de l'agriculture. Entre la modernisation et l'immobilisme, Daniel avait choisi la tradition et la liberté. Comme son homonyme biblique, il n'a pas renié sa foi et a été jeté dans la fosse aux lions. Pour cet homme mort dans une quasi indifférence, ce livre est une sorte de réhabilitation. Je me souviendrai longtemps de Daniel Maroy.
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