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Après une retentissante carrière de grand reporter – en 1993, son livre Elles sont gentilles, monsieur, écrit après son infiltration d'un réseau international de traite de femmes, fit tant de bruit qu'il déclencha des enquêtes parlementaires et des ajustements législatifs dans plusieurs pays –, Chris de Stoop a repris la ferme de ses parents, en plein coeur des Flandres, afin de faire perdurer un mode de vie rural en perdition. Deux ans avant cette décision, en 2014 donc, il apprenait qu'il héritait d'une autre ferme, incendiée celle-là, son oncle Daniel Maroy y ayant été sauvagement assassiné, alors qu'à quatre-vingt-quatre ans, il y vivait seul depuis bien longtemps.


Depuis qu'il avait coupé les ponts avec sa famille dans les années 1990, Daniel vivait retiré dans sa ferme, ne quittant ses quatre vaches que pour se rendre au supermarché en vélo – les gendarmes lui avaient confisqué son tracteur pour défaut d'assurance –, réglant ses seuls extras – des steaks blanc bleu et des bières Rodenbach – en piochant sans se cacher dans les liasses de billets que, se méfiant des banques, il conservait sur lui et dans un tiroir de son buffet. Rien de tel pour aiguiser la convoitise de la bande de jeunes désoeuvrés, Belges et Français tout juste majeurs partageant, en cette zone frontalière voisine de l'agglomération roubaisienne – dite la plus pauvre de l'Hexagone –, leur « peu de perspectives, un milieu défavorisé, une scolarité problématique, une éducation déficiente, de mauvaises fréquentations. »


Quoi de plus facile que de s'en prendre en groupe à un vieillard marginalisé, un « vieux crasseux » exclu d'un monde qu'il ne comprenait plus et qui ne le comprenait pas davantage ? Harcelé et attaqué à plusieurs reprises, Daniel fut laissé pour mort, assommé chez lui à coups de manche de fourche, jusqu'à ce qu'une semaine plus tard, pour effacer toute trace, les assassins revinssent incendier la ferme. Entre temps, ses économies devenaient motos pétaradantes, iPhones et baskets de marques, tandis que fiers de leur exploit, les assassins partageaient ouvertement la vidéo de leur méfait. Pourtant, jusqu'à l'incendie, personne au village ne s'inquiéta jamais du sort de Daniel. Mort ou pas sur le coup, il fut abandonné à son triste sort…


Avec autant de sobriété que d'intelligence et d'empathie, l'auteur qui, constitué partie civile lors du procès qui eut lieu en 2019 à Mons, a pu, n'étant représenté par aucun avocat, interroger les accusés et avoir accès à toutes les pièces, raconte « La société qui exclut. Les jeunes qui ne trouvent pas leur place dans la communauté. Et la victime qui se place elle-même en dehors de la société. Chacune d'elle a contribué au drame. » La mort de Daniel est ainsi « le fruit d'une responsabilité collective », le mépris général pour un vieux marginal replié sur un mode de vie d'un autre temps ayant ouvert la voie à la violence chez les uns, à l'indifférence chez les autres. Pour s'être soustrait à la société, Daniel n'était plus, aux yeux de ses semblables, tout à fait un être humain…


Alors, en même temps qu'il répond au devoir moral de redonner une voix et un visage à la victime, Chris de Stoop pointe, à travers ce tragique fait divers largement resté inaperçu du grand public, la confrontation entre deux mondes : l'un, ancestral mais moribond, de la terre et des paysans dont on ne compte plus les cas d'exclusion désespérée ; l'autre, tout autant en perte de repères dans sa fascination pour l'argent et la société de consommation.


Tué pour quelques milliers d'euros et parce que sa vieille solitude marginale n'intéressait plus personne, Daniel se résume aujourd'hui à cette inscription sur sa pierre tombale : « Une vie rustique, une mort tragique », mais aussi, grâce à Chris de Stoop, à ce livre bouleversant qui dénonce le terrible manque d'empathie de la société envers ses marginaux. Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Voilà un livre bouleversant et captivant dont on n'a pas assez parlé à mon goût bien qu'il ait obtenu le prix du meilleur roman étranger dans la catégorie non-fiction.
« Un cri et puis plus rien » a titré le journal belge l'Avenir. Un titre et puis plus rien ou pas grand chose sur le meurtre sauvage de Daniel Maroy, oncle de l'écrivain et journaliste Chris de Stoop, qui fut rapporté comme un simple fait divers. Daniel, un vieux fermier solitaire de 84 ans, a pourtant été violenté puis assassiné à coup de fourche pour quelques sous dans sa ferme isolée du Hainaut où il avait décidé de vivre en ermite.
Les agresseurs, des jeunes désoeuvrés de Roubaix, ont filmé l'attaque et exhibé la vidéo autour d'eux sans une once de remord, ni d'empathie. Une bande de petits caïd incontrôlables qui avaient pour habitude de tout saccager sur leur passage en toute impunité. Ils seront heureusement arrêtés et jugés.
Et c'est le récit de ce meurtre et du procès qui suivra que Chris de Stoop, le neveu de Daniel, nous relate ici en reprenant le dossier et les rapports d'expertise, analysant en détail tous les faits.
Avec son enquête auprès des villageois, de la famille, ses déplacements dans la ferme familiale, il exhume des souvenirs et reconstitue la nuit du meurtre en même temps qu'il réhabilite la mémoire de son oncle. Il se constitue partie civile et décide de le défendre seul, sans avocat, au nom des siens.
On va suivre le procès d'assises de l'intérieur. Chris de Stoop s'y présentera fébrilement avec la photo de Daniel lui redonnant ainsi une voix, un visage, une histoire et surtout une humanité. Mais c'est aussi l'histoire des jeunes délinquants qui nous est racontée car il essaie de comprendre sans excuser. Il enquête sur leur origine et montre la mécanique implacable et le processus de déshumanisation du « vieux crasseux » qui les a conduits au meurtre donnant aussi une voix et une identité à ceux que personne n'a envie d'entendre.

Oui c'est triste, oui le sujet peut rebuter pourtant l'écriture a une résonance particulière tant les mots sans artifice de l'écrivain irradient de sincérité, d'authenticité et de compassion.

Le texte a une grande puissance de frappe et l'angle de vue qu'il propose est intéressant. Il en dit long sur la société actuelle. La dernière image du livre est forte et oblige le lecteur à se positionner.

Grâce à son oncle et à la littérature le cri de Daniel trouve enfin écho au sein de l'humanité et franchit les frontières.
Émouvant et passionnant❤
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Cet essai raisonne tant il est d'actualité.
Des jeunes, désoeuvrés, fumant souvent, quasi déscolarisés ont tué son vieil oncle et ont filmé leur agression.
Sans envie de vengeance, l'auteur cherche à comprendre.
Il dépeint avec tendresse un oncle qu'il a peu connu et qui avait une vie solitaire.
Il enquête sur ces jeunes ; comment en sont-ils arrivés là ?
La pauvreté, l'oisiveté, des enfances abîmées, des parents dépassés vont nourrir le drame.
Et puis, il y l'oncle, son mode de vie, son attachement à la ferme, ses parents aimés, son frère qu'il protège et un amour impossible.
Le récit est intime.
D'une plume claire, Chris de Stoop donne un visage à cet homme et à ses agresseurs.
C'est poignant et prenant.
Merci à Babelio et aux éditions Globe pour ce beau témoignage.
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Mars 2014, Daniel Maroy, un agriculteur de quatre-vingt-quatre ans est assassiné par une bande de voyous. Daniel vivait seul et retiré dans sa ferme près du village.
En crise de confiance envers toutes les institutions, il gardait son argent chez lui et payait tout en liquide.
Sa vie hors du temps et de la société attirait beaucoup de curiosité de la part des habitants de Saint Léger, une petite commune belge à deux pas de la frontière française.
Une affaire sordide, un crime crapuleux, un vieux crasseux tués par des jeunes en rupture de famille et obsédés par l'argent facile, ça interresse qui ?
Cinq ans plus tard Chris de Stoop, journaliste écrivain et neveu de Daniel décide de se porter partie civile au procès.
Une manière de témoigner, de rendre hommage et dignité à un oncle qu'il a pourtant très peu connu.Rendre compte d'un meutre et de son jugement pour essayer de mettre des mots sur l'incompréhensible.
Chris de Stoop, d'une écriture tendre et empathique, nous raconte la rencontre tragique de deux mondes qui ne se comprennent plus.
Roman vérité ou compte rendu journalistique littéraire, " le livre de Daniel ", c'est aussi la rencontre posthume d'un neveu et d'oncle.
Un récit émouvant et profondément humaniste.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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On le surnomme "le vieux crasseux ". Daniel à 84 ans. Il vit seul dans sa ferme avec 4 vaches et pas même un chien. Chaque fin de semaine, il va à Saint-Léger faire au supermarché les mêmes courses : un steak de "blanc bleu", quelques bières et du fromage. Autrefois, il y allait juché sur son tracteur bleu. Mais on le lui a réquisitionné faute d'assurance. Maintenant, c'est sur un antique vélo qu'il s'y rend, le poussant à retour, déséquilibré par le sac de courses.
Jadis, Daniel portait beau. On le voit sur les photos jaunies, impeccable entre ses parents et son jeune frère Michel épileptique et un peu handicapé. Il a pris soin de chacun d'eux avec amour et respect jusqu'à les porter en terre.
Depuis, il vit seul, limitant ses contacts à une poignée de personnes qui ont son amitié. Il s'est retiré du monde, s'est exclu de la communauté, ne donnant sa tendresse qu'à ses vaches, sa ferme, ses terres amputées par de trop nombreuses dettes. Toute sa vie, Daniel a été amoureux de la bouchère. Même après qu'elle lui ait dit non, il a persisté à stoppé le tracteur face à la vitrine, la regardant longuement avant de rentrer chez lui.
Maintenant, Daniel a tout du clochard. Vêtements mités, cheveux longs et barbe hirsute, seul son regard à la fois doux et lointain éclaire son visage labouré de rides.

Si j'ai voulu longuement vous présenter Daniel, c'est en grande partie parce qu'au procès de son assassinat, il a été répété qu'en s'étant exclu des autres, il s'était déshumanisé, s'offrant en quelque sorte comme victime à n'importe quel rite expiatoire. Ni homme, ni bête ; un autre, un rébus, un vieux crasseux...

Un jour de 2014, alors que le printemps pointait don nez, deux jeunes de la bande d'Evregnies ont pénétré chez lui, l'ont frappé avec une planche, et lui ont dérobé les 13000 € qu'il cachait sur son ventre.
Jackpot. Scooter, fêtes à gogo et sapes de luxe, les deux gamins se sont vantés, ont montré la vidéo qu'ils avaient faite. Tout le village savait, mais personne n'a bougé. Parce que l'histoire n'est pas finie. Appâtés par tant de billet, les potes ont voulu retourner à la ferme pour la fouiller. L'un d'eux a frappé lourdement la vieille tête avec le manche d'une fourche. Pour ne pas qu'il se relève, ils ont renversé le lourd poêle sur ses jambes, et ont encore trouvé 6000 €.
Daniel a t'il vécu après cette seconde agression ? Certains témoins l'affirment...
Et l'aventure continue... Quelques jours plus tard, tourmentés par l'idée d'avoir laisser des empreintes, les jeunes décident de revenir à la ferme. Ils arrosent Daniel d'essence et l'incendie embrase la ferme, seules les vaches sont retrouvées vivantes.

Dans cet exercice de justice restaurative, Chris de Stoop, qui ne connaissait que peu son vieil oncle, exprime la nécessité de redonner son humanité à cette figure de vieux crasseux. Entre réflexions intimes et digressions sur le procès, il propose dans ce texte un douloureux chemin de résilience.
A quoi tient à valeur d'un homme ? A son appartenance au système ? A ses connexions réelles ou virtuelles ?
Quant à ces jeunes, certes délinquants et lourds de bagages familiaux délétères, comment ont-ils pu pousser si loin la violence? Sont-ils, comme l'affirme l'auteur, les produits d'une société qui fait de la consommation un ersatz du bonheur? Y- a t'il eu un effet systématique lié au groupe, fusionnant les individualités dans un "tout" garantissant l'impunité de chacun?
Chris de Stoop a rencontré chacun des gamins, les voisins, le bourgmestre, les commerçants, la famille.
Il nous livre ses impressions, ses aversions, ses compassions sans jamais flirter avec le jugement.
A la fin, en plus de l'émotion accumulée au fil des pages, il reste cette question lancinante. Quelle est le prix d'une vie?
Un livre sobre, dépouillé, dont la force de frappe est immense...
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Le livre de Daniel n'est pas un roman , c'est le récit - hommage de son neveu Chris de Stoop , journaliste belge néerlandophone.
En mars 2014 , Daniel Maroy , agriculteur de 84 ans est assassiné par des adolescents de Roubaix , attirés par l'argent que Daniel M gardait sur lui .
Un meurtre atroce , d'autant plus que les auteurs ne semblent pas du tout comprendre la gravité de leurs actes .
Chris de Stoop va se constituer partie civile et va essayer d'expliquer l'inexplicable.
J'ai beaucoup apprécié ce récit touchant , très nuancé , la collision de deux mondes inconciliables, celui de Daniel , seul survivant de la famille Maroy , qui vit à ' l'ancienne ' , qui s'occupe encore tous les jours de ses vaches , Daniel M , qui a vécu sa vie entière avec ses parents , qui s'est occupé de son frère malade jusqu'à la mort de celui-ci, qui n'a jamais accepté la vie moderne , seule concession , son tracteur qui lui sert de véhicule .
Le point de basculement sera la confiscation de son tracteur , le vieil homme devra désormais faire ses courses à pied , avec sa perpétuelle liasse de billets .
Un monde figé , un homme têtu , borné , au curieux comportement , il s'est laissé aller complètement , il n'a plus aucun contacts avec sa famille depuis à peu près 30 ans , sa vie sociale se résume aux courses alimentaires qu'il fait une fois par semaine au Colruyt, là il s'achète un steak ' bleu , blanc , rouge .
Il y a un témoignage touchant d'une personne qui a rencontré souvent Daniel M lors de ses achats hebdomadaires, elle écrit une lettre affectueuse à son neveu , pour lui dire qu'elle admirait Daniel .
Il y a une analyse très poussée de la personnalité de Daniel , celui qui n'a pas pu prendre le train de la vie , qui ne s'est jamais marié , malgré une tentative tragi-comique à l'âge de 62 ans .
De l'autre , il y a ces jeunes désoeuvrés, qui aiment l'argent facile , pour frimer . Pour eux , Daniel M , le fermier marginal est la proie idéale , ils ne voient pas en lui un homme mais un sous - homme , complètement déshumanisé , ce qui bien entendu ne cautionne pas du tout la violence
Le procès décrit chacun des accusés au plus proche de leurs personnalités , essaie de comprendre l'enchaînement fatal .
Un récit touchant , sans pathos , oui, un bel hommage à Daniel , un marginal peut être mais un homme libre , intègre . J'ai l'impression d'avoir tellement de choses à dire , ce livre mérite une discussion passionnée .
Merci à Babelio pour ce dernier Masse Critique et aux éditions Globe .
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« le livre de Daniel » est l'enquête menée par Chris de Stoop sur la mort de son oncle, 84 ans, assassiné par des jeunes gens désoeuvrés dans sa ferme délabrée des Maroy.
La mort violente d'un vieil homme qui avait décidé de se mettre en retrait de la société pourrait n'être qu'un fait divers. Mais l'auteur en fait autre chose. Tout en rendant hommage à Daniel, il cherche à comprendre les tueurs.

Le crâne dégarni, la barbe hirsute, Daniel est un peu l'ermite du village. C'est un homme sans histoire… mais qu'est-ce que ça veut dire. Il y a toujours une histoire, une famille, une vie derrière chaque personne. L'auteur raconte tout ce qui a fait Daniel Maroy. Ses parents dont il s'occupera jusqu'à leur mort, son frère épileptique dont il va aussi prendre soin jusqu'au bout, la femme qu'il n'épousera jamais. Pas de télé, pas d'internet, pas de voiture et surtout pas d'argent à la banque.
Un homme bon, une vie simple, retirée de la frénésie contemporaine, juste s'occuper correctement de ses vaches et de ses souvenirs.
Pourtant il fut un temps où Daniel était un homme jovial et sociable. C'était avant. Avant qu'il doive se séparer d'une partie de ses terres, avant qu'Yvette ne lui dise non…

Et ses jeunes qui sont-ils ? Comment ont-ils pu commettre l'irréparable sans se rendre compte de leur cruauté ? Certains viennent du même village que Daniel, d'autres de Roubaix, la ville la plus pauvre de France. C'est une jeunesse égarée, qui cherche sa place et ne voit la vie qu'à travers le prisme de l'argent. L'argent pour s'acheter des fringues de marque, des smartphones, l'argent pour être quelqu'un. Pour eux « le vieux crasseux » n'est pas vraiment un homme.

Ce récit sobre ne verse jamais dans le sensationnel mais je l'ai trouvé très émouvant. A travers ce fait divers, l'auteur aborde des problématiques très contemporaines comme la perte de repère de certains jeunes. Il nous parle surtout des petits agriculteurs à la merci des banques, des mutations de l'agriculture. Entre la modernisation et l'immobilisme, Daniel avait choisi la tradition et la liberté. Comme son homonyme biblique, il n'a pas renié sa foi et a été jeté dans la fosse aux lions. Pour cet homme mort dans une quasi indifférence, ce livre est une sorte de réhabilitation. Je me souviendrai longtemps de Daniel Maroy.
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« Voici un assassinat : s'il est politique, c'est une information, s'il ne l'est pas, c'est un fait divers. » (Roland Barthes) !!!!!!

Cela se présente comme un fait divers, à la frontière franco-belge. En 2014, une bande de jeunes, certains du village, d'autres de la banlieue de Roubaix, décide de cambrioler un homme âgé, Daniel. L'affaire tourne mal et Daniel est laissé pour mort, sa ferme sera incendiée une semaine plus tard, pour effacer les traces du méfait.
Son agonie ayant été filmée et diffusée et les assaillants ayant dépensé l'argent de manière ostentatoire, ils seront rapidement arrêtés.
L'auteur est journaliste, a déjà effectué des enquêtes sur la traite des êtres humains. Il est également le neveu de Daniel et a interrogé les voisins, les proches, pour comprendre comment un tel drame a pu arriver.
Ce récit a souvent été présenté comme l'affrontement de deux mondes.
---- celui immuable du paysan, traditionnel, travailleur, vivant sans internet, sans carte bancaire, mais qui a des journées remplies d'activités simples, effectuées selon un rythme immuable, une régularité rassurante, déboussolé par la modernité.
---- le monde d'après : celui de la consommation, sans repaire moral, la violence d'une société du tout, tout de suite, et surtout sans efforts.
Mais, en réalité Daniel, dont la famille est héritière du monde paysan des grandes fermes carrées d'autrefois a été marginalisé par son propre monde. L'indifférence des villageois qui ne verront pas Daniel pendant une semaine relativise tous les discours sur l'anonymat des villes et les relations forcément riches des campagnes. Il était "le vieux crasseux" « le vieux pervers » dont l'enterrement a été expédié dans une église quasiment vide.
De même le monde d'après, celui de la consommation est plutôt celui du député Daniel Senesael adepte des évènements médiatiques, des riches familles du Nord qui rachètent ces fameuses fermes.
En réalité et au bout du compte, ce sont des pauvres êtres qui assassinent d'autres pauvres êtres ,
Des gagnants face à des perdants, non pas l'affrontement de deux mondes mais l'affrontement des exclus de ces mondes.
Ce livre, à sa sortie, a été probablement instrumentalisé. Il est resté une des meilleures ventes aux Pays-Bas pendant longtemps. Ce qui est significatif.
Il n'a pas les prétentions littéraires de Gitta Sereny (Une si jolie petite-fille) ni de Gabriel Garcia-Marquez (Récit d'un naufragé) ou Truman Capote (De sang-froid)
Mais c'est le livre d'un journaliste qui se pose des questions.
C'est également un livre plein d'empathie pour les marginaux de tous bords : un livre de neveu.

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Récit effroyable dont on ne ressort pas indemne de la lecture.
Chris de Stoop dépeint avec précision une jeunesse déboussolée et n'ayant comme idéal que le paraître et l'instant présent..
Il parle avec tendresse également de son oncle Daniel qui si sa vie n'a pas connu de grands malheurs n'a pas conne de grand bonheur non plus .
Il parle de l'indifférence quasi générale au sein de sa propre famille d'abord puis du voisinage ensuite envers la victime .
Il nous interroge également sur la déhumanisation de notre société et notre responsabilité collective .
Un récit fort , sans complaisance , sans pathos et sans haine.
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C'est en mars 2014 que l'existence de Daniel a basculé tragiquement dans sa vieille ferme située près de la frontière française en Belgique.

En effet, l'oncle octogénaire de l'auteur a été retrouvé assassiné par une bande de jeunes d'un village voisin. Ces derniers, désoeuvrés et paumés, en quête d'argent, ont considéré Daniel Maroy comme une proie facile puisque celui-ci ne faisait pas confiance aux banques et gardait son argent chez lui.

Lors du procès, cinq ans plus tard, Chris de Stoop y assiste en tant que partie civile même s'il connaissait très peu ce vieil oncle qui vivait comme un ermite depuis de nombreuses années.

Au travers de ce récit, ce fait divers est reconstitué mais pas seulement. L'auteur exprime également son besoin de comprendre, mène une enquête minutieuse et nous retrace le procès. Qui était vraiment Daniel ? Comment ce groupe de jeunes en est-il arrivé à commettre l'irréparable ? 

Une lecture poignante, stupéfiante, qui met notamment en avant l'indifférence des villageois qui savaient, dresse un portrait du monde rural d'aujourd'hui et rend hommage à son oncle disparu.

Un récit glaçant.
Lien : https://mesechappeeslivresqu..
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