Le monde de Marcelo

Le monde de Marcelo est un roman classé jeunesse que j'ai beaucoup aimé. Je ne l'aurais jamais lu sans la complicité d'une bibliothécaire de ma médiathèque préférée, elle est spécialisée justement dans les romans jeunesse et a eu un jour la bonne idée de nous le partager, au sein d'un cercle de lecteurs dits adultes auquel je participe, je dis cela pour l'âge bien sûr.
L'auteur, un certain Francisco X. Stork, nous fait entrer dans le monde de Marcelo, au travers d'un récit construit sur un récit presque digne d'une intrigue policière, du moins ici judiciaire, et ce monde est un monde particulier, atypique, différent, c'est sans doute ce mot-là qui convient et qui fait la force du roman. Marcelo apporte au récit sa différence.
Marcelo est jeune et très beau. C'est un adolescent secret, réservé, qui se cache dans un monde qu'il s'est construit et qui le protège. Communiquer avec les autres, ceux de son âge par exemple, mais les autres aussi, c'est toujours un problème, c'est toujours compliqué, tout simplement parce que Marcelo est autiste Asperger. Ses refuges, ce sont une cabane, son chien, des chemins tranquilles où se balader.
Et puis, on se mêle de ce qui ne le regarde pas, on voudrait décider pour lui. C'est toujours comme ça.
Alors, me voilà me mêlant aussi de ce qui ne me regarde pas. C'est là que j'aime bien venir comme lecteur, m'en mêler un peu aussi forcément. Donner mon grain de sel. Dire à sa famille, non pas à sa mère Aurora qui le comprend, mais plutôt à son père Arturo, pourquoi vouloir à tout prix, à toute force, le confronter de cette manière à la vie réelle. À « la vraie vie ». Enfin, est-ce d'ailleurs cela la vraie vie, celle que lui propose son père ?
Bon, autant vous dire tout de go, le père de Marcelo est avocat, pas n'importe quel avocat, un avocat de renom dans un cabinet qui l'est tout autant. Ainsi, il propose à Marcelo d'effectuer un stage dans ce cabinet pendant les vacances d'été.
Il veut lui permettre de faire le choix entre "vie protégée" qui lui était destinée au départ, c'est-à-dire une école réservée aux enfants handicapés ou "fragiles", ou bien "vie réelle", quitte à en endurer au début.
L'idée cependant est généreuse, part d'un bon sentiment.
Le jeune homme intègre le cabinet. Jasmine est désignée pour le tutorer. Très vite il déconcerte ses collègues, mais au-delà des préjugés et de la peur de l'inconnu des relations intenses se nouent.
La bienveillance n'est pas toujours au rendez-vous dans le milieu des affaires. J'ai aimé ce regard, ses pas dans un milieu presque hostile, cela ressemble à Candide oscillant entre le bien mal. Comment trouver la frontière entre le bien et le mal lorsqu'on a le regard et le coeur de Marcelo ?
Mais...
Mais côtoyer Marcelo est un bonheur immense. Pour ses collègues de travail, pour nous lecteurs aussi.
Son intelligence sera déterminante dans une certaine affaire que traite le cabinet, mais par-delà cette relation professionnelle, ce récit lumineux, optimiste, offre une magnifique leçon d'humanité.
L'amour s'en mêle aussi, mais oui. Cet été-là sera aussi fondateur dans la vie de Marcelo.
Comment ne pas voir le monde à travers les yeux et le coeur de Marcelo ? À travers sa différence ?
Je recommande ce livre pour les lecteurs de tous âges.