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Critique de Valeyard


S'il y a bien un genre de roman qui est fort éloigné de mes habitudes de lecture, c'est la Fantasy. Surtout lorsqu'elle est orientée jeunesse.
Le Roman de Jonatan Stroud raconte l'histoire de Nataniel, magicien en devenir qui cherche à se venger de Simon Lovelace, puissant sorcier membre du gouvernement anglais.

Belle surprise que ce premier tome d'une trilogie qui a clairement l'ambition de ringardiser Harry Potter.
Les points communs avec la saga de J.K.Rolling sont nombreux, et j'insisterai surtout sur la dimension politique des deux oeuvres. Si Rolling évoque les crispations avec les « moldus », Stroud va beaucoup plus loin et marque des points. La société londonienne séparée en deux castes, confronte les puissants mages (imbus de leur personne et, sauf exception, détestables) et les plébéiens, soumis et indolents. Tous les plébéiens ne restent pas inactifs face aux privilégiés. Il existe un groupe de plébéiens qui tente une rébellion face aux puissants magiciens et à la société inégalitaire qu'ils défendent. Pour ce faire, ils n'hésitent pas à détourner les armes magiques contre leurs utilisateurs... Cette guerre secrète est finalement peu présente dans ce premier tome, néanmoins elle reste une belle promesse pour l'avenir, tant Jonatan Stroud maîtrise son récit lorsqu'il évoque ce thème plus social.

Les armes des mages justement. Là où Stroud prendra aussi ses distance avec l'univers du sorcier à la cicatrice sur le front, c'est dans les pouvoirs et les armes à disposition des puissances. Ici la magie est presque une science. Les magiciens n'ont pas, à proprement parler, de pouvoir. Ils possèdent la connaissance et c'est en cela qu'ils supplantent les plébéiens. Lorsque l'on sait que le roman est avant tout à destination d'un public débutant ses études secondaires (comme Nataniel), on voit très bien où Stroud veut en venir : le savoir est la clef du pouvoir, mais il amène aussi à la vanité. Ce n'est pas pour rien que cette puissance prend ici la forme d'esprits maléfiques invoqués par les mages. Plus un magicien est puissant, plus il peut invoquer un nombre important de démons (même s'ils n'aiment pas ce nom), parfois même des légions. Un grand pouvoir (et donc une grande maîtrise) permet surtout d'invoquer des esprits de castes supérieures. Ces derniers sont polymorphes et peuvent lancer toute sortes de maléfices et autres salves d'énergies dévastatrices. Bien que l'invocation soumette totalement le démons, le mage doit se garder de lui révéler son véritable nom car la créature, consciente de sa servilité, cherchera constamment à nuire à son « maître ». Un peu comme les plébéiens en somme...

Nous suivons le jeune Nataniel, jeune apprenti magicien qui sera sous le tutorat d'un mage membre du gouvernement, mais peu respecté car sans véritable talent. Nataniel, qui choisira rapidement le pseudonyme de John Mandrake est un élève brillant, voir même génial, qui sera sous estimé par son maître. Après une altercation avec le mystérieux Simon Lovelace, Nataniel fera appel à Bartimeus, un Djin, démon très ancien et puissant, pour se venger de Lovelace. Cette vengeance dictée par l'égo d'un jeune mage en mal d'affection mènera nos deux héros dans une aventure très plaisante et surtout bien plus sombre que je ne l'aurais cru.
Confronter Nataniel à la mort (la véritable mort, éternelle, sans sauvetage possible) était assez inattendu. Certaines scènes sont parfois violentes (sans pour autant sombrer dans le gore) et dépassent l'entendement d'un jeune garçon talentueux qui, bien que mage, reste un enfant qui s'attaque à un monde d'adultes, et pire... à des politiciens. Appréciable !

La belle astuce de Stroud résidera dans la narration. Tantôt à la troisième personne lorsque les chapitres suivent Nataniel, tantôt à la première personne lorsque nous suivons (et c'est le plus intéressant!) les missions de Bartimeus. Ce dernier ayant conscience de s'adresser à de pauvres humains (en l'occurrence, les lecteurs), et étant capable de penser à plusieurs choses à la fois, nous gratifie de longues notes de bas de pages qui commentent immédiatement ce qu'il dit où fait. C'est souvent caustique, et très drôle.
Le démons excelle dans l'art de la duperie et de la retraite qu'il sait auréoler de panache. Pour le grand Bartimeus (pas aussi grand qu'il ne le dit) il n'y a jamais de fuite, mais de nombreux replis stratégiques. Il sera amené à affronter (et commenter) de nombreuses entités magiques, des mages, mais aussi des plébéiens.



Sans trop en révéler, le roman sert surtout d'introduction à une guerre avec une faction de rebelles plébéiens mais aussi avec un puissant ennemi magique qui tire les ficelles dans l'ombres.

le roman de Stroud n'est pas sans défaut. le principal étant le manque de clarté dans le propos. Certains affrontement sont confus, lorgnant avec l'incompréhensible lorsque notre Djin est aux prises avec deux démons d'un même niveau ou d'un Afrit (des démons supérieurs à Bartimeus en terme de capacité). Ces êtres pouvant se mouvoir, et agir, sur sept plans en même temps, l'action est parfois peu compréhensible...
Cependant je ne peux que conseiller ce roman car son humour et les thématiques sous-jacentes du pouvoir l'emportent largement sur ses défauts.

A conseiller: A ceux qui aiment la magie dans un univers plutôt mature (attention, ce n'est pas non plus de la dark fantasy!) et subtil , aux parents qui pourront facilement partager le récit avec leurs ados.

A déconseiller : A ceux qui pensent que J.K Rolling a fait le tour du sujet, qui n'aiment pas les récits à deux voix, qui cherchent plutôt des affrontements magiques, épiques et grandioses.
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