Sa cheville lui faisait mal, mais ce n’était rien en comparaison de son cœur, qui hurlait de douleur pour les pauvres gens enfermés là, à la merci de cette bande de monstres.
Le monde semblait danser une ronde de joie autour d'eux en même temps qu'un son puissant retentissait à ses oreilles, comme si Dieu faisait soudain chanter tous les anges du ciel. Mais si tel était le cas, il avait choisi un bien étrange chœur, car le son prit bientôt des accents de hurlement sinistre, et ce n'est qu'en s'écartant de Filip qu'elle comprit qu'il s'agissait de la sirène signalant une alerte aérienne par les haut-parleurs disposés dans la rue.
Nous devons être sûrs de notre engagement, déclara Ana , en entrant dans la Résistance, nous risquons tous de perdre la vie .
Ou de perdre notre âme si nous n’y entrons pas, répondit Bartek.
« Ecrire sur l’Holocauste est un honneur qui implique un grand sentiment de responsabilité envers la vérité des faits. Ce roman a beau être une fiction, j’ai fait en sorte que les détails qu’il contient soient aussi proches que possible de la réalité, afin de représenter fidèlement les terribles souffrances endurées par ceux qui, comme les personnages, ont été internés dans les ghettos et dans les camps du régime nazi. »
Anna Stuart
Elles avaient raconté qu’elles dormaient sur des planches de bois, parfois à quinze dans une seule couchette. Elles avaient décrit la faim, le froid pénétrant, l’humiliation des appels incessants, la brutalité des gardes et, bien sûr, l’horreur des immenses chambres à gaz qui recrachaient sur elles de la fumée d’humains, jour et nuit, telle une malédiction sans fin. Et les gens avaient écouté et s’étaient émus de tout cela, avec sincérité, mais ils ne pouvaient pas réellement comprendre. Ce qui était peut-être mieux. Mais cela faisait tout de même mal.
La pauvre Pologne avait plié sous le joug de l’oppresseur mais ne s’était pas brisée.
La mort planait au-dessus du camp sous forme de nuages bien réels, souillant l’air même qu’ils respiraient d’une odeur infâme qui n’avait de cesse d’écœurer Ester.
Trop éprouvée, elle ne savait plus très bien si Dieu veillait encore sur eux à Birkenau ; elle avait cependant la conviction que, si tel était le cas, il devait être en larmes, lui aussi.
[…] et les gens craignaient davantage les puces que la colère de Dieu. Comment leur en vouloir, quand ils se sentaient déjà presque en enfer ?
Mais l'amour ne peut pas être anéanti par les fusils, les chars et les idéologies abjectes. L'amour ne peut pas mourir à cause de la distance ou de l'absence, de la faim ou du froid, des coups ou des humilia- tions. Et, quoi qu'en aient pensé les nazis, l'amour a le pouvoir de transcender le sang et de créer des liens mille fois plus forts qu'une idéologie malsaine.