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Citations sur Voyages de Gulliver (113)

Lorsqu'ils ont à choisir parmi plusieurs candidats à quelque office, ils regardent aux qualités morales, plus qu'aux dons de l'intelligence. Le gouvernement des hommes étant en effet une nécessité naturelle, ils supposent qu'une intelligence normale sera toujours à la hauteur de son rôle et que la Providence n'eut jamais le dessein de rendre la conduite des affaires publiques si mystérieuses et difficiles qu'on la dût réserver à quelques rares génies — tels qu'il n'en naît guère que deux ou trois par siècle. Ils pensent au contraire que la loyauté, la justice, la tempérance et autres vertus sont à la portée de tous, et que la pratique de ces vertus, aidée de quelque expérience et d'une intention honnête, peut donner à tout citoyen capacité pour servir son pays, sauf aux postes qui exigent des connaissances spéciales. Ils ne pensent pas qu'une intelligence supérieure puisse pallier à l'absence de vertus morales — bien au contraire, jamais ils n'oseraient confier un poste à un homme de ce genre, car on tient les fautes commises par l'ignorance d'un homme intègre pour infiniment moins préjudiciables au bien commun que les intrigues d'un homme sans scrupules et assez habile pour organiser, multiplier et défendre ses malhonnêtetés.

VOYAGE À LILIPUT, Chapitre VI.
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Mais un autre motif me retenait d'offrir à Sa Majesté mes découvertes pour agrandir ses domaines : à dire vrai, j'avais conçu quelques scrupules sur la façon qu'ont les princes de pratiquer, à cette occasion, la justice distributive. Par exemple : un navire pirate est poussé par la tempête sans savoir où il va ; à la fin, un mousse grimpé sur le mât de vigie découvre une terre ; les hommes débarquent, attirés par le pillage. Ils voient un peuple inoffensif qui les reçoit avec bonté : ils donnent au pays un nouveau nom, en prennent officiellement possession, au nom du roi ; dressent sur le sol une planche pourrie ou une pierre en mémoire du fait ; assassinent deux ou trois douzaines d'indigènes, et en emmènent une paire comme échantillon ; puis ils retournent dans leur pays et obtiennent leur pardon. Voilà l'origine d'une nouvelle annexion, faite légitimement selon le « Droit divin ». À la première occasion, on envoie des navires ; les indigènes sont déportés ou exterminés, leurs princes torturés, jusqu'à ce qu'ils révèlent où est caché leur or ; pleine licence est donnée à tous les actes de cruauté et de luxure ; la terre fume du sang de ses habitants, et cette odieuse troupe de bouchers, employée à une si pieuse entreprise, c'est l'expédition coloniale moderne, envoyée pour convertir et civiliser un peuple idolâtre et barbare.
Mais cette description, je l'avoue, ne s'applique d'aucune manière à la nation britannique, qui peut servir d'exemple au monde entier, pour la sagesse, la prudence et la justice qu'elle montre en fondant ses colonies, pour la générosité avec laquelle elle y développe la religion et la culture ; pour l'heureux choix qu'elle fait de pasteurs pieux et compétents chargés d'y propager le christianisme ; pour le souci qu'elle a de n'envoyer dans les nouvelles provinces que des sujets de la mère patrie vivant dignement et connus comme tels ; pour les grands scrupules qu'elle a en matière de justice, ne nommant aux postes administratifs, dans toutes ses colonies, que des fonctionnaires de la plus haute compétence, entièrement étrangers à la corruption ; et, comme couronne à ce bel édifice, pour sa façon d'envoyer toujours les gouverneurs les plus consciencieux et les plus vertueux, qui n'ont pas d'autre but que le bonheur des populations qu'ils régentent et l'honneur du roi, leur maître.
Mais comme ces pays que j'ai décrits paraissent n'avoir aucun désir d'être conquis, ni de connaître l'esclavage, le meurtre et la déportation qui vont de pair avec la colonisation ; comme, d'autre part, ils n'abondent ni en or, ni en argent, ni en sucre, ni en tabac, j'ai eu, en toute modestie, l'idée qu'ils n'étaient en aucun cas dignes de notre zèle, de notre vaillance, de notre intérêt.

Voyage chez les Houyhnhnms, Chapitre XII.
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C'est dans le cœur que grandit la trahison avant de se révéler par des actes.
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L’empereur voulut un jour me donner le divertissement de quelque spectacle, en quoi ces peuples surpassent toutes les nations que j’ai vues, soit pour l’adresse, soit pour la magnificence ; mais rien ne me divertit davantage que lorsque je vis des danseurs de corde voltiger sur un fil blanc bien mince, long de deux pieds onze pouces.
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Mon père avait un petit bien dans le comté de Nottingham. J'étais le troisième de ses cinq fils. Il m'envoya à l'âge de quatorze ans au collège Emmanuel à Cambridge, où je demeurai trois années durant lesquelles je m'adonnai à l'étude avec une grande application. Mais la charge de mon entretien (je ne recevais pourtant de ma famille et qu'une très maigre pension) était trop lourde pour des gens de fortune modique : on me mit en apprentissage à Londres, auprès de Mr. James Bates, chirurgien éminent chez qui je demeurai quatre ans. Mon père m'envoyait de temps à autre de petites sommes d'argent que j'employais à l'étude de la navigation, et autres disciplines mathématiques, fort utiles à ceux qui songent à partir en voyage, car je prévoyais que telle devait être tôt ou tard ma destinée.
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Le lecteur peut bien croire que je perdis alors tout à fait l’envie de devenir immortel à ce prix. J’eus bien de la honte de toutes les folles imaginations auxquelles je m’étais abandonné sur le système d’une vie éternelle en ce bas monde.
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Etrange effet de l'ignorance et des principes bornés d'un prince qui méritait la vénération, l'amour et l'estime des peuples! Sage, éclairé, doué de talents admirables, presque adoré de son peuple sottement gêné par un scrupule excessif et bizarre, dont nous n'avons jamais eu l'idée en Europe, il laisse échapper l'occasion de se rendre le maître absolu de la vie, de la liberté et des biens de tous ses sujets.

Voyage à Brobdingnac
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[...] Après deux mois passés à la maison, mon caractère vagabond me conduisit encore en mer à bord de l'Aventure. Là, une révolte de l'équipage m'obligea à descendre sur une terre inconnue. C'est avec une peur justifiée que je m'enfonçai à l'intérieur. Tout à coup, je vis de bizarres animaux couverts de poils qui leur arrivaient jusqu'aux hanches, et parfois jusqu'aux pieds. Dès qu'ils m'aperçurent, ils prirent la fuite, et je ne vis plus, à leur place, qu'une harde de poulains splendides. L'un d'eux me salua de la patte droite, puis s'entretint avec ses compagnons.
- Messieurs, leur dis-je, si vous êtes sorciers, vous me comprendrez. Je viens de très loin et demande l'hospitalité.
Le cheval me répondit par un hennissement où je perçus plusieurs fois le son : "Jahoo". Je le répétai. Alors, bondissant devant moi, les chevaux m'invitèrent à les suivre. [...]
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En vérité, les philosophes ont raison quand ils nous disent qu'il n'y a rien de grand ou de petit que par comparaison.
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"Hélas! dit-il, que la grandeur humaine est peu de chose, puisque de vils insectes peuvent avoir aussi de l'ambition avec des rangs et des distinctions. ils ont de petits lambeaux d'étoffe dont ils se parent, des trous, des équipages, des livrées, des titres, des charges, des occupations, des passions comme nous. Chez eux, on aime, on hait, on trompe, on trahit, comme ici." Voilà comment Sa Majesté philosophait à l'occasion quand je lui avais dit de l'Angleterre; moi, j'étais confus et indigné de voir ma patrie, la maîtresse des arts, la souveraine des mers, l'arbitre de l'Europe, traitée avec un pareil dédain.

Voyage à Brobdingnac
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