AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de domi_troizarsouilles


Voilà plusieurs jours que je me dis qu'il est grand temps de rédiger cette critique, car je suis déjà presque au bout du 2e opus de la série. Or, mes souvenirs sur ce premier tome ont déjà bien commencé à s'étioler, d'autant plus que j'ai lu quelques autres livres tout à fait différents entre-temps. On sera donc davantage dans les impressions qu'il m'a laissées, que dans une analyse plus précise de ma lecture.
Pour commencer, il faut dire que je suis arrivée à ce livre par des chemins bien détournés ! Je suis tombée tout à fait par hasard sur « Périlleuses Pyrénées » en librairie, au rayon des cozy mysteries. La couverture est sympa, et ça parle apparemment des Pyrénées (j'adore !), alors j'ai envie de me lancer, mais je vois sur le 4e de couverture que ledit livre appartient à une série, dont le premier était évidemment introuvable sur place. Et pour cause, me rendrai-je compte plus tard ! Il s'agit donc bien de notre « Passage du désir », mais ce dernier date d'un paquet d'années ! D'abord publié chez Viviane Hamy, avec une couverture propre à cette maison (autant dire peu alléchante pour un lectorat qui rechercherait un premier tome dans un esprit cozy mystery), il est quasi introuvable dans ce format. Ouf ! depuis lors la couverture a connu plusieurs relookings, y compris plusieurs éditions en format poche avec des motifs plus attractifs… tandis que les deux derniers épisodes, dont mes fameuses Pyrénées, ont carrément changé d'éditeur.

Sachant tout cela, et aussi après avoir survolé quelques critiques pas toujours enthousiastes sur ce livre, j'ai commencé par me demander : qu'ai-je donc en mains ? Est-ce un polar classique, même s'il est plutôt soft ? (ou pas) Ou un cozy mystery avant l'heure, dont seuls les épisodes les plus récents se sont explicitement rués dans ce créneau qui marche, il faut bien le dire ? Rappelez-vous : ce livre-ci date donc de 2004 malgré ses quelques liftings extérieurs depuis lors ; or, la grande mode des cozy mysteries, si certains la font dater aux histoires d'Agatha Christie (que je n'ai jamais lue, faut-il le rappeler ?), a explosé chez nous avec Agatha Raisin ! Une autre Agatha, apparue dès 1992 en Grande-Bretagne, mais traduite en français seulement en 2016 (!!).
Dès lors, on peut dire que ce livre se situe quelque part à mi-chemin entre un polar assez classique, avec relativement peu d'hémoglobine mais il y a quand même quelques passages peu agréables, et qui tend déjà vers ce qui s'appellera plus tard cozy mystery, notamment grâce à la singularité des personnages. Lola est quand même ex-commissaire : autant dire qu'elle connaît bien les codes du métier, le « ex » ne servant qu'à la touche d'originalité que l'autrice assume d'emblée ; tandis qu'Ingrid, tout originale qu'elle soit, et bien loin du monde de la police et des enquêtes a priori, reste en quelque sorte une « personnage principale secondaire ». Je veux dire par là que, de ce que j'en ai perçu, elle a certes autant de présence que Lola à travers tout le livre (bon, je n'ai pas fait une étude statistique, mais vous comprenez l'idée), mais avec un rôle toujours très légèrement en retrait pour ce qui est de l'avancée dans la résolution de l'enquête.

Cela étant posé, qu'ai-je donc pensé, moi, de ma lecture ? J'ai trouvé ce livre agréable, avec une écriture entraînante, généreusement parsemée de jeux de mots et autres calembours qui sont parfois à la limite du forcé mais « qui marchent », ainsi que de quelques citations nettement plus sérieuses (car Lola aurait été prof de français dans une autre vie). L'enquête est menée tambour battant et de façon assez linéaire, malgré toute une série de zigzags qui auraient pu perdre le lecteur : on a parfois l'impression que ça part dans tous les sens, mais si on va du point A au point B en passant par A' et A'', on se rend compte après coup que ces deux déviations avaient du sens et tout se recoupe. Pour le dire autrement (car j'ai l'impression de ne pas être très claire), je n'ai pas ressenti la résolution de l'enquête comme quelque chose qui tombe des nues tout à la fin, comme c'est le cas dans trop de policiers, mais donc pas ici, au contraire ! En effet, même si nos héroïnes sont passées par un certain nombre de chemins de traverse, les choses sont réellement amenées petit à petit à travers ces nombreux détours, pour un tout parfaitement cohérent.

Par ailleurs, comme je mentionnais plus haut, ce livre respecte indéniablement certains codes d'un polar plus « noir » (que ne peut l'être un cozy mystery de nos jours). On a ainsi quelques scènes qui, sans être complètement barbares, ne laissent quand même pas insensibles : je pense au chapitre qui nous raconte un certain braquage, ou la mise en scène autour de la victime, et quelques autres – je ne vais pas faire une liste, ce serait divulgâcher… Tout ça n'est pas gai-gai ! et plonge indéniablement le lecteur dans une ambiance glauque malgré tout, et certainement malgré le ton guilleret qu'on voudrait donner à cette série 20 ans plus tard, maintenant que le 8e et plus récent épisode se veut clairement plus léger.

J'ai aussi remarqué que les critiques les moins enthousiastes soulignaient le trop grand nombre de personnages, mais franchement, cela ne m'a pas choquée, il n'y en a pas plus que dans nombre de polars classiques, et ils sont tous facilement reconnaissables.

Mon seul regret, finalement, est lié aux personnages principaux mêmes. Certes, on n'est qu'au premier opus d'une série, on pose les choses en allant déjà assez loin, pourtant je pense que l'autrice aurait pu exagérer certains traits dès ce coup d'envoi. Par exemple, Lola, désormais à la retraite, et qui apparaît quelque peu bourrue (et pour cause ! elle n'a pas envie de reprendre du service nous dit-on), se laisse quand même avoir très (trop) facilement à reprendre les rênes d'une enquête… désormais clandestine ! On aurait aimé la voir puzzler davantage, la voir râler plus souvent ; les traits qu'on prétend lui donner ne sont pas assez marqués, elle est finalement bonne pâte plus qu'autre chose, mais ça ne colle pas tout à fait avec l'image de l'ex-commissaire dure mais adorée de ses hommes. Par ailleurs, son passé est évoqué par quelques touches, mais « c'est trop ou pas assez » : on aurait aimé en savoir bien davantage sur son ex-partenaire Tousaint, qui semble avoir tant compté pour elle mais qui est à peine évoqué, et chaque fois avec des pincettes ; ou sur son ancien métier de prof de français, qui ressort de-ci, de-là, mais de façon assez inutile alors qu'il y a sans doute moyen de creuser bien autement.
Ingrid quant à elle présente une fluidité, un côté aérien, insaisissable, qui lui va comme un gant, mais comme je disais, si ce personnage-là est bien campé, il aurait gagné à prendre un peu plus de place dans l'histoire – pas en termes de partage de présence, comme je disais plus haut, mais qu'elle s'impose un peu mieux, voire qu'elle se dispute (même un peu) avec Lola, or ici elle semble quelque peu manquer de personnalité, elle a un côté évanescent qui mériterait soit d'être gommé, soit d'être exagéré. le plus crédible, très paradoxalement, est le « Nain de Jardin », autrement dit le nouveau commissaire qui a pris la place de Lola, et qui n'est jamais que moqué, mais du coup on y croit à fond !

Ainsi, le sentiment final est plutôt positif : c'était un bon polar pas vraiment sanglant mais avec juste ce qu'il fait de noirceur, avec une enquête menée tambour battant et de façon cohérente, ce qui ne peut que plaire à l'amatrice de romans policiers que je suis. Les personnages sont sympathiques et bien campés, même s'ils auraient indéniablement gagné à être encore plus exagérées dans leurs particularités. Ainsi, sans toutefois laisser une impression inoubliable, le tout m'a donné suffisamment envie de poursuivre la série !
Commenter  J’apprécie          20



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}