AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de visages


Quel roman original ! le narrateur dont on ignore qui il est,retransmet ce que Pereira relate, ce qu'il " prétend ". Car ,en effet, la narration est ponctuée en permanence de cette précision " prétend Pereira".
De quelle nature est ce récit ? Interrogatoire ? Confidence? Confession?
Il est constitué de la description minutieuse du quotidien de cet homme, de son travail comme rédacteur de la page culturelle du journal Lisboa,et de sa rencontre avec un jeune homme et sa petite amie ,Monteiro Rossi et Marta.
On assiste à la métamorphose d'un homme,ou plutôt à l'émergence de sa conscience du monde dans lequel il vit et du bouleversement existentiel que cela provoque en lui.
Pereira est un homme solitaire, il n'a de compagnie que le portrait de sa femme décédée quelques années plus tôt, de menus échanges avec le patron du bar dans lequel il boit ses citronades et mange ses omelettes aux herbes, quelques mots avec sa concierge,un minimum de lien avec son patron. seul le Père Antonio entretient avec lui une relation plus intime,ainsi que plus tard le docteur Cardoso.
Il souffre d'embonpoint et n'a aucune vie sociale. Il ne s'en plaint pas mais sa vie est sans relief, triste,à tel point que lorsque le Père Antonio l'interpelle sur sa méconnaissance des événements " il demanda: dans quel monde est ce que je vis? Et lui vient la bizarre idée que,peut-être, il ne vivait pas,c'est comme s'il était déjà mort ".
Tout se passe à Lisbonne. Nous sommes en 1938 sous le régime de Salazar,pendant que les républicains luttent contre Franco,que la France et l'Europe s'apprêtent à entrer en guerre contre Hitler. Cependant, notre homme n'est au courant de rien et semble toujours tomber des nues lorsque le patron du bar lui glisse des informations.
Ce roman éminemment politique est aussi celui d'une belle réflexion sur l'importance des rencontres et ce qui peut transformer une existence.
A l'inverse de celle de Kafka, cette métamorphose d'un homme plus qu'ordinaire mais guidé par son coeur,est des plus touchantes. Il se dégage une ambiance très singulière, un peu surannée que j'ai aimé dès les premières phrases.
Pereira est un antiheros qui fait de ce roman une sorte de fable philosophique avec," en bonus" une balade littéraire des plus intéressantes au côté de ceux qui ont pris part à l'histoire du monde d'un côté ou de l'autre des barricades !
Commenter  J’apprécie          270



Ont apprécié cette critique (27)voir plus




{* *}