AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de mh17


Tristano meurt (2004) est un monologue intense dans lequel le narrateur, un écrivain moribond dit ses souvenirs et ses réflexions personnelles à un autre écrivain qui n'intervient jamais. Celui-ci est venu à son chevet dans sa maison de campagne en Toscane au mois d'aout. La gangrène ronge la jambe de Tristano et Frau la fidèle gouvernante allemande lui injecte périodiquement de la morphine et lui dit des poèmes. Derrière les persiennes mi-closes chantent les cigales. Les souvenirs de Tristano sont hachés, décousus, parfois hallucinés. il confond les prénoms de celles qu'il a aimées jadis. Marvi, Rosammunda, Daphnée, Marilyn. Il confond la réalité avec les chansons populaires, les mythes et le cinéma. Tristano a aimé, a vécu, a combattu. il a pris les armes autrefois un peu par hasard contre son propre camp, il a combattu les nazis. Ses faits d'armes ont inspiré à l'écrivain un roman héroïque à succès. Tristano est hanté par la guerre et voudrait rétablir les faits mais à mesure qu'il raconte sa vie, il se rend compte de tout ce qu'il a oublié. Il cherche en vain à se remémorer ce qui n'est plus. Et ce qu'il raconte est-il la vérité ? Que vaut son témoignage ? Il tourne en rond à l'intérieur de sa conscience. Et, peu à peu sa voix devient la page de l'écrivain. Alors Tristano peut mourir.

Comme souvent chez Tabucchi, le roman entrelace brillamment l'histoire du personnage avec celle de l'Italie toute entière. En creux se dessine la colère et l'amertume de l'auteur face à l'Italie démocratique consumériste. Elle semble si loin de l'idéal des combattants disparus, de celui de son père qui figure sur la couverture. L'écriture de Tabucchi est sinueuse et dense avec des motifs répétés, des variations sur les mêmes thèmes. C'est un beau roman mélancolique qui laisse au lecteur le soin d'interroger sa propre mémoire vacillante.
Commenter  J’apprécie          437



Ont apprécié cette critique (41)voir plus




{* *}