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Critique de SophieLesBasBleus


Un livre lu dans le cadre des Explorateurs du Polar 2019 de Lecteurs.com.

Fantazmë, en albanais, c'est le "spectre" et c'est aussi le surnom qu'a donné la mafia albanaise au mystérieux tueur qui décime ses rangs. le commandant Tomar Khan le trouverait presque sympathique ce meurtrier, aussi cruel qu'insaisissable, qui semble s'être arrogé les droits d'un justicier. Il est vrai que Tomar a l'habitude des sorties de la route légale et se trouve dans le collimateur de l'IGPN, qui a mandaté l'odieux lieutenant Belko pour mener l'enquête sur la disparition de pièces à conviction lors d'une affaire précédente. Entre Ara, sa mère, qui a recueilli des réfugiés syriens sans papiers, et ce meurtrier en série qui ne semble s'attaquer qu'aux profiteurs de la misère, Tomar a bien du mal a garder l'objectivité nécessaire à la résolution de l'enquête. Tiraillé entre son sens de la justice et son devoir d'obéissance, il va devoir s'enfoncer au plus noir, au plus effroyable de la société actuelle, dans les territoires où la vie humaine se résume aux souffrances endurées avant de mourir.
Wouh ! J'ai eu l'impression de descendre dans les régions infernales du monde contemporain en lisant ce roman de Niko Tackian. La nervosité de l'écriture et de la construction sert remarquablement le sentiment d'urgence qui anime l'histoire, comme issue des pires cauchemars. C'est violent, très violent, la description précise de certaines scènes est parfois à la limite du supportable, mais ce réalisme ne m'a pas semblé relever de la complaisance car l'ancrage dans le réel évite le soupçon de surenchère. le roman, par sa tension brutale, sert de révélateur à la violence de la situation des immigrés clandestins, proies faciles pour les trafics les plus odieux.
Certes, les "bons" s'opposent aux "méchants" mais entre ces deux extrêmes, l'intrigue laisse place à toute une périphérie, à un "entre-deux" où les personnages agissent à l'intérieur de frontières brouillées, entre le droit, la légalité, la morale, la conscience, la justice et, tout simplement, l'humanité. Sur une trame, somme toute assez classique, l'auteur tisse des fils tirés d'une actualité brûlante pour créer une intrigue pleine de fièvre dans laquelle les personnages tiennent des rôles mouvants, que leurs histoires personnelles, leur identité même, affectent inexorablement.
Le choix d'un point de vue global, omniscient, donne une réelle consistance aux personnages et favorise l'identification du lecteur, faisant ainsi monter la pression angoissante qui le contraint à tourner les pages sans reprendre souffle jusqu'à la dernière. C'est en tout cas ce qui s'est produit pour moi ! Ce roman m'a littéralement coupé le souffle ! Et j'ai maintenant très envie d'en connaître plus sur le commandant Tomar Khan, ses absences hallucinatoires, ses origines et sur les personnages étonnants qui l'entourent !
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