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Critique de LesFacesLitteraires


Une suite à la hauteur du premier livre « Les yeux couleur de pluie », je suis plutôt satisfaite de cette lecture ; en dépit d'un manque de développement sur les émotions des personnages. On retrouve donc Marie-Lou et Matthieu, deux étudiants en médecine, difficile de concilier vie personnelle et vie professionnelle. Ils vont devoir trouver un équilibre, et principalement le héros qui n'est pas encore prêt à envisager une relation stable et durable, se dévoiler n'est pas naturel chez lui. le passé est de retour pour Matthieu, Marie-Lou découvre une nouvelle spécialité, et pas des moindres. C'est un roman à la fois léger et puissant, avec des péripéties drôles, douces et un peu sauvages, brutes. Les chapitres sont courts, en prime, les changements de point de vue entre nos deux protagonistes. L'auteure rédige une belle histoire, malheureusement, ce n'est pas suffisamment pour un récit contemporain, les boomerangs émotionnels et des scènes précipitées entraînent une absence de bouleversements.

Marie-Lou est interne, cette fois, elle n'est plus en neurologie, mais en psychiatrie. Un univers différent pour elle, toutefois, elle se prend au jeu et devient amie avec son chef de service. Elle semble plus ouverte sur le monde depuis sa rencontre avec Matthieu, malgré ses doutes envers son amour pour elle, c'est une protagoniste forte et indépendante ; c'est ce qu'on découvre au fil des pages de ce deuxième volume. Je ne me suis pas spécialement prise d'affection pour elle, sa façon d'être est abordée simplement, sans faux-semblants. Son caractère rempli de coeur et de partage donne énormément de pouvoir à l'histoire, elle offre de l'amour avec un grand A. Alors, je l'ai apprécié, sans pour autant être transportée par Marie-Lou, il y a des petits néants à propos de ses sentiments, de ce qu'elle pense au plus profond d'elle-même. En comparaison de l'oeuvre précédente, elle s'ouvre légèrement et s'affirme comme une femme, un tempérament bien trempé accompagné par une âme généreuse.

Le personnage masculin, Matthieu, se métamorphose encore plus, et pas forcément dans le bon sens. Déjà, c'est un « loup solitaire », et dans ce tome, il est sans intelligence. C'est un homme tellement secret, impénétrable ; le cerner et le décrire n'est pas une tasse de thé. Je l'ai trouvé moins charmant, ses réactions sont complètement illisibles et peuvent porter à de l'agacement pur et dur. C'est quelqu'un de sensible, de par son comportement, cela se devine facilement ; ce n'est en aucun cas une raison de l'apprécier. Matthieu est néanmoins quelquefois touchant dans ses gestes, capable de prendre un enfant dans ses bras, d'offrir des seaux d'algues à celle qu'il aime, de protéger un ami en souffrance, de tenter de ne pas décevoir sa mère. Loin d'être un coeur de pierre, c'est un garçon abandonné par son père ; une quête d'identité et de compréhension l'attend pour enfin tourner la page.

J'affectionne énormément le thème de cette trilogie, celle de l'hôpital, des gardes, des patients à soigner. C'est réellement un sujet passionnant et différent de mes habitudes littéraires, malgré le genre contemporain dont je raffole de plus en plus. La romance à l'intérieur de ce synopsis est sympathique, cependant, ce n'est pas tout à fait ce que j'espérais pour cette suite, la profondeur n'y est toujours pas et la relation entre nos deux personnages semble stagner. Marie-Lou et Matthieu ne se promettent rien, ils sont juste ensemble ; dans « Entre mes doigts coule le sable », ils ne communiquent plus vraiment et se fuient pour éviter tout malentendu. Heureusement, les rebondissements se font et livrent un rythme intense, ils sont souvent dans la rapidité, rudement expédié au fin fond de la quantité des péripéties. J'ai pris le large avec ce récit, au-delà de Brest, un bout de l'Île de Groix fait son apparition. Les émotions ne prennent pas le dessus sur les sujets, j'ai la sensation que c'est voulu de la part de l'auteure. J'ai vécu un apprentissage et des instants de sagesse à travers ce livre, c'est là, l'importance de cette histoire. La richesse des termes médicaux, des moments passés au sein de l'établissement de santé et principalement en psychiatrie expriment de la surprise, les changements de domaine sur la santé portent un nouveau souffle essentiel, puisque le reste du texte est répétitif ou vivote dans les questionnements intimes.

La plume de Sophie Tal Men est simple, d'une vivacité terre à terre ; en dehors des passages cocasses où elle déverse un peu de joie et de sentiment bon enfant. Ses mots coulent en effet comme le sable, beaucoup de rythme et de fluidité. Cependant, je suis déçue par cette absence d'émotion, l'auteure révèle seulement des nuances de sentiment sans les approfondir pleinement. Dans le fond, elle transmet son expérience en médecine, entre fiction et réalisme, l'ensemble survole les clés pour émouvoir le lecteur. L'équilibre entre narration et dialogue est clairement à la frontière, les pensées intérieures peuvent s'éloignent au profit des échanges de temps en temps inutiles.

Ni plus ni moins que le premier roman, la traversée continue dans le secteur de la santé. le monde hospitalier est intéressant, racontée par le vécu de Sophie Tal Men, les sujets sont divers et variés, entre neurologie, psychiatrie et des syndromes inconnus. On suit les aventures de Marie-Lou et de Matthieu, un couple où les sentiments restent silencieux, les non-dits, les échappatoires de l'un et de l'autre. Matthieu n'y est certainement pas pour rien, le départ de son père est encore ancré en lui et l'empêche de connaître le grand bonheur de l'amour. Quant à Marie-Lou, elle répand bien trop d'altruisme et ne prend pas le temps d'écouter son compagnon, tout comme lui avec elle. La relation n'avance pas, elle est même proche de reculer ; la fin laisse planer des doutes sur l'évolution de celle-ci. Une originalité et de l'étonnement sur ce récit, par contre, les égarements se répètent, quelques coupures durant certains passages, des instants paraissant importants où les détails sont réduits. le développement est présent, exclusivement pendant les précisions sur les pathologies. Au-delà, c'est le calme plat, les sentiments ne puisent pas au coeur des protagonistes ; la sincérité est tout de même une valeur. le côté spontané de Sophie Tal Men est rafraîchissant, une écrivaine pleine de force et capable de transmettre des messages précieux, sa plume est plaisante abstraction faite de ses lacunes dans les éléments émotionnels et son récit fougueux. L'intrigue se poursuit dans le troisième et dernier tome, et je garde espoir pour trouver plus de profondeur.
Lien : https://lesfaceslitteraires...
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