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Critique de Rickola


Yumi Tamura est une mangaka assez malchanceuse chez nous. Basara a été publiée jusqu'au bout mais n'est plus disponible depuis un moment, 7 Seeds a tourné court, et le reste de sa longue bibliographie est inédite chez nous. Jusqu'à ce que Noeve Grafx décide de nous proposer la dernière série en date de la mangaka, Don't call it Mystery, en cours depuis 2017 avec déjà 8 volumes parus. Ainsi, c'est l'occasion pour le public français de retrouver la mangaka, et pour moi de la découvrir !

Je remercie par ailleurs Noeve Grafx pour l'envoi de ce premier tome.

Avant d'aborder le contenu du volume en lui-même, je me permets un petit mot au sujet de l'édition, car l'éditeur continue de faire le maximum pour se démarquer en proposant une qualité éditoriale vraiment top. La jaquette a un effet nacré particulier en terme d'impression qui donne une sensation particulière au toucher, et même en terme de visuel. On a comme d'habitude avec l'éditeur droit à un insert et un bandeau comme ce qui se fait au Japon. Il n'y a pas la petite carte à collectionner qu'on trouve habituellement, mais il me semble que c'est dû à un soucis fournisseur et qu'il y en aura deux avec le second tome.

Le tout pour un tarif de 7€95, soit dans la moyenne de ce qui est pratiqué pour ce type d'ouvrage, pour une qualité éditoriale vraiment au top. Et pour avoir d'autres titres Noeve Grafx sous la main, je peux déjà dire que c'est une constante, chose qu'on verra dans de prochains articles.

Mais tout ça c'est bien beau, mais ça ne nous dit pas ce qu'il en est de la qualité du titre en tant que tel. Voyons donc de quoi il en retourne… Et pourquoi je suis tout à fait emballé !

Etudiant solitaire, Totono Kuno n'aspire qu'à profiter de ses journées tranquilles en cuisinant et en observant le passage des saisons. Son quotidien est bouleversé le jour où la police se présente à sa porte. L'un de ses camarades a été assassiné et il est le seul suspect. Totono doit déployer toutes ses capacités de déduction pour lever les soupçons qui pèsent sur lui.

Le résumé resitue la première intrigue de ce volume, car à l'instar de pas mal de récits d'enquête, le titre se divise en petites intrigues autonomes (en tout cas pour ce premier volume), liées par le personnage principal qui, on le verra, est unes des grosses qualités du titre. Nous avons donc deux gros chapitres de plus de 80 pages, une centrée sur l'assassinat d'un camarade de Totono, dont il est accusé à tort, et l'autre sur une prise d'otage dans un bus, dans lequel se retrouve notre jeune héros.

À la lecture, j'ai eu le sentiment d'un titre très proche du théâtre dans son approche narrative, chose qui est confirmée dans la postface de la mangaka. J'ai eu cette impression car on a pour chaque histoire une unité de lieu, et surtout une emphase mise sur les dialogues, par ailleurs parfaitement écrits et ciselés.

Car il faut le dire, le titre est très bavard, et est donc plus long à lire que la moyenne des mangas. Mais ce n'est en aucun cas un défaut tant le tout est rendu passionnant. Comme je l'ai dit, le personnage de Totono est clairement une des grosses qualités du titre. Étudiant solitaire, il est d'une très grande acuité vis-à-vis des gens mais aussi du monde qui l'entoure. Cela lui permet de résoudre les intrigues avec un talent certain, mais également de proposer une vision des choses vraiment pertinente qui dépasse le simple cadre de l'enquête.

De réflexion en point de vue personnel sur la société, Totono permet de mettre en exergue des choses passionnantes, que ce soit la différence d'appréhension des tâches ménagères et du rapport aux enfants dans un couple, à la question du travail ou n'importe quel autre élément qui ne peut que nous parler. Ainsi, le personnage est étonnant dans sa caractérisation, puisque son côté extrêmement solitaire et en décalage par rapport aux gens cache au contraire quelqu'un qui saisit particulièrement bien les individus. Se pourrait-il que ce soit cette compréhension très fine des êtres humains qui crée ce décalage ? Cela se pourrait.

Quoi qu'il en soit, Totono est clairement un personnage brillamment écrit, et dont on prend un énorme plaisir à partager les réflexions et les pensées. Mais il n'y a pas que lui qui est bien servi en terme d'écriture. Car il y a un plaisir tout à fait ludique à suivre les enquêtes, et à voir comment Totono, en restant assis et en ne faisant que parler, arrive à glaner et recouper tous les indices qui lui permettent de comprendre les tenants et aboutissants des enquêtes. Pour quiconque apprécie les récits du genre, nous sommes particulièrement bien servis !

Notons d'ailleurs que la seconde affaire du tome n'est pas achevée à la fin de celui-ci, me rendant particulièrement curieux concernant le deuxième volume que j'achèterai à coup sûr !

Vous l'aurez donc compris, j'ai été particulièrement emballé par ce premier tome, qui s'impose grâce à une écriture parfaitement maitrisée, et un personnage principal passionnant, qui dépasse le cadre du cliché que l'on a souvent du petit génie inadapté social. Ainsi, pour un premier contact avec l'oeuvre de Yumi Tamura, c'est pour moi un coup d'essai totalement validé, et j'ai particulièrement hâte de voir ce qu'elle nous réserve pour la suite !
Lien : https://apprentiotaku.wordpr..
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