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Critique de Fifibrinda


Tout comme l'"Alguier imaginaire", Cigale est de ces albums jeunesse accessibles aux adultes. En effet, Shaun Tan nous plonge dans un univers du travail particulièrement interpellant, impersonnel, anonyme, déshumanisé, gris plus que sombre, où chaque employé semble enfermé dans son petit casier comme poulets en batterie. Et dans ce récit, Cigale ne chante pas ! Pendant 17 ans, elle a travaillé avec assiduité, sans être rétribuée et arrive à la fin de sa « carrière ». Dans son langage robotisé, elle résume en 4 phrases ces 17 ans d'exploitation. Cette brièveté proche du haiku et la robotisation du langage, soulignée par les « tic-tic-tic » de Cigale, renvoient à une totale déshumanisation du travailleur. Shaun Tan l'évoque par des illustrations pleine page particulièrement angoissantes, grises, labyrinthiques, proches de l'op-art. Cigale n'a droit à rien, n'étant pas humaine … et l'illustration d'un gris minéral (excepté 2 pages) nous le fait particulièrement bien ressentir. Ici aussi, le minimalisme visuel correspond à une grande puissance du message.
Par contraste, les deux pages colorées, exubérantes, pleines de végétation, de couleur, de lumière, sont vibrantes, vivantes, comme un autre univers, antidote au gris minéral et impersonnel.
Une fois de plus, à travers un récit que l'on pourrait lire comme une fable, Shaun Tan se révèle excellent observateur et critique de notre société, capable de partager ce regard critique avec tous les lecteurs, quel que soit leur âge, grâce à la puissance éloquente de ses illustrations.
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