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Critique de colimasson


C'est dans une compétition effrénée de confessions impudiques que l'on finit par trouver que plus aucune ne l'est. Certes, la Confession impudique a été publiée il y a plus d'un demi-siècle, mais ce n'est peut-être pas son âge qui rend cette oeuvre obsolète mais la nuance qui différencie la pudeur japonaise de la pudeur occidentale.


Ici, le moteur du plaisir charnel est défini en creux, par le manque et l'impossibilité d'assouvir ce qu'on imagine être le comble du plaisir. L'éducation ne semble pas donner la possibilité aux individus de se révéler dans le plaisir charnel. L'ignorance est à son comble et si Tanizaki fait s'interroger naïvement son personnage féminin (« Je ne connais pas d'autres hommes que mon mari, mais je me demande si tous les hommes sont aussi importuns ? Est-ce la coutume chez eux de se montrer aussi ennuyeusement collants pour se livrer à toutes sortes de jeux inutiles ? »), on finit par penser fermement que Tanizaki lui-même semble dépassé par les questions qui l'assaillent à propos du désir féminin. Les jeux auxquels se livrent les personnages s'avèrent rapidement fatigants et décevants dans leur quête d'une jouissance convenable qui permettrait de respecter la pudeur inculquée tout en s'octroyant un peu de joie personnelle.


« Mon mari parut arriver, comme d'habitude, au comble du plaisir, mais moi, comme d'habitude aussi, je restai insatisfaite. […] Mon mari reste confus de l'insuffisance de ses forces et s'en excuse chaque fois. Il me reproche d'être trop froide à son égard. Il veut dire que je suis, selon ses propres paroles, d'une endurance incomparable et d'une vigueur maladive dans ce domaine, mais ma manière d'opérer est trop routinière, trop traditionnelle, trop formaliste, dépourvue de variété. Pour les choses courantes de la vie je suis passive, pleine de retenue ; là seulement je suis exigeante, mais pourtant depuis vingt ans je ne sors pas de la même méthode et dans la même attitude. »


Ni distrayante ni excitante, la Confession impudique présente des personnages qui semblent au comble de la névrose, malades de leurs désirs inassouvis et incapables de les surmonter. Monomaniaques, cette Confession les décrit comme des êtres qui ne vivent plus que pour leurs jeux destructeurs. On peut les appréhender comme un exemple des ambivalences provoquées par une éducation sexuelle trop rigoureuse (voire une absence d'éducation sexuelle) ou –ce serait alors un corolaire réinvesti de sens- comme un exemple de dimensions du plaisir qui ne sont pas accessibles à ceux qui ont la permission d'assouvir tous leurs désirs dans des délais trop raisonnables.
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