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Critique de Apoapo


Tanpinar (1901-1963) est un grand classique de la littérature turque, sorte de Victor Hugo inspirateur des romanciers contemporains (Pamuk aussi lui doit beaucoup et ne ferait pas mal de le reconnaître...) en même temps qu'auteur charnière par rapport à la littérature ottomane du XIXe siècle, sur laquelle il se pencha en tant que critique très avisé.

Cette longue nouvelle ou court roman qui, je ne sais trop pour quelle raison, me fait beaucoup penser au roman russe et notamment à Dostoïevski, décrit la rencontre amoureuse entre une jeune femme belle et mystérieuse et un écrivain séduit et culpabilisant pour son infidélité. Elle se déroule en trois moments très distincts. La première rencontre sous la pluie, dans le jardin chez l'homme : la femme, immatérielle et impalpable, s'exprime par "souvenances" fragmentaires et éparses et les dialogues sont d'une extrême modernité, pour leur caractère elliptique et "théâtre ouvert". le second moment est le retour de la femme, où la passion aboutit et les traits psychologiques des deux personnages s'affinent. le troisième - véritable nouvelle dans la nouvelle - consiste dans la narration du souvenir d'enfance de la femme qui l'a attirée vers ces lieux : là où se trouve la maison de l'homme, sur le Bosphore, était situé le yali familial du personnage féminin (non nommé), détruit par le feu, ainsi que tout l'ameublement et autres caractéristiques du train de vie ottoman (ex. les volières) qui avait cours dans une telle demeure malgré une décadence déjà bien avancée.
Ainsi, une lecture métaphorique est plausible - sur le thème très typique de la littérature turque (de l'époque) - qui consiste à voir le passé ottoman brûlé avec nostalgie et comme un objet de séduction mais aussi d'infidélité à l'égard des nouvelles valeurs et de culpabilité (pour la nostalgie, non pour le passé, s'entend). La métaphore du yali est aussi présente dans ce contexte (cf. ma note sur le roman de Suat Dervish).

[Quelques tournures un peu rêches dans la traduction sont sans doute dues à un traducteur non francophone de naissance - cependant il faut admettre que se confronter à Tanpinar n'est pas à la portée du premier venu...]
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