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Critique de Michel69004


C'était une bonne idée, ce choix de lecture avant le week-end pascal.
J'ai ainsi pu faire connaissance avec toute une équipe de saints sympathiques (dont saint Expédit !) . Mais j'ai surtout découvert l'extraordinaire complexité de la canonisation et donc l'existence du promotorat des causes des saints !
Mais commençons par Alice, qui tient cette histoire de bout en bout, Alice imaginée par Tiffany Tavernier, la fille de Bertrand.
Alice est née au Guatemala et a vécu une enfance sauvage et radieuse grâce à Ida, une sorte de nounou chamane. À l'âge de dix ans, Alice, sa petite soeur et ses parents rentrent en France. Alice est percutée de plein fouet par des exigences sociales et scolaires qui la poussent vers une introversion et une timidité sévère.
Malgré l'effarement total de son entourage, Alice va tout lâcher pour vivre sous l'emprise d'un compagnon pervers qu'elle veut sauver malgré lui. La situation financière du couple est rapidement désastreuse et elle est sommée de trouver du travail. Cela tombe finalement assez bien : elle est recrutée par le diocèse de Paris pour aider l'évêque à la section « canonisation ». Elle va être entourée de collègues d'une bienveillance radieuse dont une certaine Anne-So, mariée à un militaire parti six mois de l'année, mère de sept enfants dont deux ayant la maladie de Charcot…
Grâce à cette fine équipe et à la découverte de la vie des aspirants saints, Alice ira au bout de son destin. le roman s'offre alors un petit décalage chronique pour une dernière partie tout à fait étonnante.

Il y a peut-être deux façons de lire ce livre étrange, d'une luminosité blafarde :
-Il s'agit d'un millefeuille narratif qui pour la énième fois remet sur le tapis la question de l'emprise. Beaucoup moins pédagogique que « La deuxième femme » de Louise Mey, il met l'accent sur le masochisme féminin dont la déconstruction passerait par la sororité et la spiritualité.
En parallèle on découvre donc tout le dispositif d'instruction des candidatures à la canonisation, d'une complexité sidérante. Morceau choisi:
«… ok, alors accrochez-vous parce que c'est loin d'être fini et je n'ai plus que cinq minutes. Une fois ces deux feux verts obtenus, l'archevêque publie, d'un côté, le décret d'ouverture de la cause, de l'autre, un édit dans le Journal officiel, soit, pour vous, à Paris, le journal Paris Notre-Dame, demandant au peuple d'apporter des témoignages en faveur de cette cause. Est-ce assez clair ?
Ça l'est.
Pendant ce temps, le postulateur ou la postulatrice se met en quête de trouver trois historiens prêts à enquêter de façon bénévole sur la vie de ce futur possible saint.
Une tâche bien difficile, sachant qu'aucun de ces historiens n'a le droit de publier le fruit de ses recherches.
Pourquoi trois historiens, pourquoi pas juste un seul ?
Parce qu'ainsi le veut la procédure : trois historiens, trois axes de recherche différents. le premier sur tout ce qui a trait à la vie familiale de notre serviteur, le deuxième, sur tout ce qui a trait à sa vie sociale, le troisième, sur tout ce qui touche à sa vie spirituelle. En parallèle, l'archevêque ou son représentant, le délégué épiscopal, aura nommé dans le plus grand secret deux censeurs théologiens. Ces deux-là devront vérifier si notre serviteur a bel et bien respecté, dans ses dires et dans ses ouvrages, le dogme catholique romain… »etc.
Enfin l'histoire d'Alice se déploie, émaillée de monologues numérotés et insérés dans le texte avec des bouts de haïkus, plus ou moins sibyllins, plus ou moins mystiques.

-Il s'agit d'un livre sur l'avénement de sainte Alice.
Et c'est une toute autre grille de lecture ! Ce qui nous est proposé n'est ni plus ni moins qu'un manuel de sainteté car Alice finira par cocher toutes les cases. On vous propose donc une lecture chrétienne, voir orthodoxe dont le titre, EN VÉRITÉ ALICE, annonce la couleur !

À vous de voir, bien sûr…
Allez, je vais conclure sur deux histoires de saints , relatées par Tiffany Tavernier:

VIE DU SERVITEUR DE DIEU TAÏSSIR TATIOS - 1943-1956
Dès son plus jeune âge, Taïssir, dit « Toussi », atteint de myopathie, endure de grandes souffrances. Incapable de marcher, il passe le plus clair de ses journées en chaise roulante sur son balcon, au Caire, en profite pour discuter avec les enfants pauvres du quartier et leur venir en aide. Aux nombreuses personnes de toute religion avec lesquelles il aimait parler de sa foi, il disait : « La meilleure preuve de l'existence de Dieu, c'est ma joie. » Il meurt à l'âge de treize ans.

VIE ET MIRACLE DE SAINT DOMINIQUE SALVIO - 1842-1857
Dès l'âge de cinq ans, il sert la messe et, tout au long de sa courte vie, il confiera souvent que Dieu le veut saint.
À l'âge de quinze ans, il meurt d'un mal de poitrine en prononçant ces mots : « Oh ! comme c'est beau, ce que je vois ! » Il est le patron des adolescents.

Avant Pâques, avouez que c'était le livre idéal.


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