Citations sur Les Chroniques de St Mary, tome 2 : D'écho en échos (26)
A cette époque, comme à toutes les autres, les hommes portaient des vêtements pratiques et confortables, tandis que les femmes expiraient sous des couvre-théières trop chargés avec des chaussures inadaptées.
- Tu me files un rencard ? Maintenant ?
- Non, pas maintenant. Demain soir. Si tu es libre, bien sûr.
Bien sûr que j'étais libre. Merde, j'étais toujours libre.
-- Il faudra que je vérifie, mais normalement je le suis.
J'ai posé mon manchon sur la console, lissé mes vêtements et tapoté mes cheveux pour les remettre en place. Les historiens ne rentrent jamais débraillés. Parfois ils rentrent morts, mais même dans ces cas- là, nous faisons toujours en sorte d' être présentables.
Vous avez un plan ?
- Oui. rien d'extraordinaire. je vais les nourrir, les payer, les protéger, les faire rire, et les tuer à la tâche. Pas nécessairement dans cet ordre.
Il a esquissé un sourire fatigué.
- ça devrait suffire.
Les casiers fixés au mur renfermaient tout l' équipement dont un historien peut avoir besoin, bien que les seuls objets nécessaires à notre survie fussent la bouilloire assortie de deux tasses et le petit frigo contenant une bouteille de quelque chose de puissant.
Ça ne sert à rien de se morfondre en pensant à ces enflures. Des hommes comme eux prendraient ça pour un compliment. Il faut mieux les considérer comme un furoncle insignifiant sur le cul de votre succès, vous ne croyez pas ?
Silence.
Les historiens ne paniquent pas.
Enfin, peut- être que si.
J’avais de la peine pour eux… Ce n’était pas comme s’ils étaient beaux ou intelligents, et les opinions étaient très variées quant au goût de leur viande. La seule recette que j’avais trouvée n’avait guère été d’une grande aide.
Tour d’abord, attrapez votre dodo. Faites-le ensuite mariner dans du jus de citron, ou autre liquide fortement acide, aussi longtemps que possible. Idéalement, toute une nuit. Fourrez-le de miettes de pain, d’oignons grossièrement hachés, de sauge, de romarin et de thym. Assaisonnez généreusement, déposez-le sur une grosse planche ou quelque chose de similaire, et faites cuire à foyer ouvert ou au barbecue jusqu’à ce que le jus soit clair. Séparez soigneusement la viande claire de la viande foncée. Jetez l’ensemble et mangez la planche.
Une cage était déjà occupée par un œuf, que nous avons délicatement placé dans un nichoir. Un des parents l'en a aussitôt ressorti lourdement, le faisant rebondir sur le sol. Contre toute attente, il a survécu. Un dodo anonyme s'est assis dessus et tous les autres se sont mis à tourner autour, se poussant et se bousculant. Je n'ai pas tardé à conclure que leur extinction n'était pas entièrement du fait de l'homme. Les dodos (nos dodos en tout cas) avaient les compétences parentales d'une brique.
Peterson et moi, qui en savions autant en horticulture qu'un politicien sur la manière de gouverner efficacement un pays, avions reçu la partie nord du parc.